l est important d’évaluer vos besoins et attentes très tôt avant de mettre en branle votre projet auprès des prêteurs et des détaillants d’équipement et de commencer l’élaboration d’un plan d’étable. Votre choix de salle de traite doit reposer sur un unique objectif : le retour sur investissement. Pour y arriver, votre salle de traite doit pouvoir répondre favorablement à cette question : est-ce que cette salle de traite me permet d’économiser temps et argent? Se poser les bonnes questions est utile pour établir des bases solides en vue de la réalisation de votre projet.
Point nº 1 : Évaluez la condition et l’utilité de vos bâtiments existants afin de bien juger si ceux-ci vous apporteront plus d’avantages que d’inconvénients à moyen et long terme. Que représente l’ampleur des investissements à faire pour garantir encore 15 à 20 ans d’opération sans souci? Il va sans dire qu’un bâtiment de 30 ans aujourd’hui en aura 50 dans 20 ans et ne répondra peut-être plus aussi efficacement à vos exigences ou à celle de la génération qui vous suit. Pensez peut-être à reconvertir la vocation de ces bâtiments pour la relève ou pour un autre projet.
Point nº 2 : Évaluez tout ce qui touche les opérations entourant l’alimentation du troupeau. Il faut également penser à la manutention du fumier. Est-ce que les installations actuelles répondent à l’ampleur du projet et au rendement anticipé à long terme? Quelles sont les options si vous envisagez d’augmenter le cheptel? Est-ce que les réservoirs actuels suffisent? Possédez-vous assez d’espace pour un réservoir supplémentaire? La litière que vous utiliserez aura également un impact sur la gestion du fumier et les frais d’exploitation. Ces questions sont légitimes. Être en mesure d’y répondre procure les indices nécessaires pour faire des choix adéquats aujourd’hui et pour la décennie à venir.
Point nº 3 : Évaluez le positionnement géographique de vos installations. Des bâtiments bien orientés peuvent tirer avantage de la période d’ensoleillement quotidienne et de la direction des vents afin de maximiser la ventilation et la luminosité à l’intérieur de l’étable. Il est primordial de jeter un œil sur la proximité des cours d’eau environnants et l’impact environnemental que votre projet pourrait avoir sur eux. Qu’en est-il du voisinage? Est-ce que votre projet aura un impact sur la qualité de vie de vos voisins? Êtes-vous situé dans un secteur où l’expansion urbaine pourrait vous affecter dans le futur?
Point nº 4 : Évaluez vos besoins et objectifs afin de ne pas être déçu des performances de votre salle de traite une fois que celle-ci sera installée. Il est très important de se rappeler que l’efficacité d’une salle de traite ne repose pas sur le nombre de stalles, mais plutôt sur la capacité de l’opérateur à effectuer la procédure de traite rapidement. La grosseur d’une salle de traite devrait reposer sur l’efficacité d’exécution de l’opérateur telle que vous la connaissez aujourd’hui. Si vous envisagez de grossir votre cheptel, ce temps d’exécution sera augmenté en proportion du nombre de bêtes ajoutées à votre troupeau. L’évaluation rapide suivante permettra de savoir si un opérateur de plus ajoutera à l’efficacité des opérations.
Comment évaluer la grosseur idéale de votre salle de traite?
- Tout d’abord, vous devez vous demander combien de temps exactement vous voulez consacrer à la traite et être certain que ce temps soit raisonnable.
- Un opérateur à son maximum devrait effectuer, dans une salle de traite parallèle, un minimum de quatre à quatre et demi changements par côté par heure.
- Pour une évaluation précise, vous devez tenir compte du temps d’entrée des vaches dans la salle de traite, du temps de préparation et d’attachement de l’unité de traite, du temps de traite et d’application du bain de trayon et finalement, du temps de sortie.
Le Tableau 1 est un exemple pour une salle de traite parallèle double-10 : données pour un côté, 10 stalles de traite.
Si 15 minutes est le temps total de la procédure de traite, nous pouvons croire que l’opérateur effectuera quatre changements dans une heure, soit 40 vaches pour un côté et 80 vaches au total à l’intérieur d’une heure. À partir de ce calcul, vous pouvez déterminer le nombre total de vaches que vous voulez traire et décider si la durée est acceptable pour vous. Vous pouvez effectuer certains calculs en ajoutant des stalles ou plus d’opérateurs tout en respectant le quatre à quatre et demi changements par heure par opérateur. N’oubliez pas que certaines valeurs de temps ne peuvent pas être modifiées même si vous ajoutez un opérateur de plus dans l’équation, comme les temps alloués pour l’entrée et la sortie des vaches ainsi que la durée de la traite. Seuls les temps de préparation et d’application du bain de trayon seront influencés par l’ajout d’un opérateur. La même règle s’applique si vous ajoutez des stalles à la salle de traite. La durée des étapes de la procédure devra être ajustée en conséquence et vous constaterez que ce ne sont pas les stalles qui traient les vaches, mais bien l’opérateur.
Donc, dans le cas de l’exemple donné, si le producteur désire traire plus de 100 vaches par heure avec un seul opérateur, il devra envisager un autre type de salle de traite, tel qu’un carrousel par exemple. La salle de traite rotative calcule son efficacité sur la durée en secondes par stalle, ce qui veut dire que plus l’opérateur prépare et attache la vache rapidement, plus il sera en mesure de traire un grand nombre de vaches par heure selon le nombre de stalles que comporte le carrousel.
Évaluer ses acquis, les besoins d’aujourd’hui et ceux de demain est un exercice à faire avant d’aller de l’avant avec un projet d’importance. La décision de moderniser ses installations avec une nouvelle salle de traite devrait avant tout reposer sur un retour sur investissement rapide basé sur un gain de temps et l’amélioration de votre efficacité opérationnelle. La ligne est mince entre un investissement qui vous rendra heureux et une dépense dont vous ne verrez jamais le retour. Soyez prêt et faites vous-même l’évaluation de votre installation existante avant d’aller de l’avant avec une modernisation ou la construction d’une nouvelle étable.