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Britten justine
Laboratory Director / Udder Health Systems
Britten earned a doctorate degree in animal, dairy and veterinary sciences from Utah State Univer...

Il n’y a aucun doute : nous vivons dans un monde qui change rapidement.

La technologie continue d’évoluer à un rythme effréné, ce qui influence la façon dont les gens vivent, travaillent et font des affaires. Cette dynamique se fait sentir dans tous les secteurs, y compris celui de la production laitière.

Chaque année, je participe à plusieurs salons commerciaux et rencontres où l’on peut admirer une multitude de nouveaux produits et de nouvelles technologies. Le secteur laitier cherche constamment à s’améliorer et il peut se féliciter de plusieurs réussites en ce qui concerne l’utilisation de la technologie pour améliorer l’efficacité des activités quotidiennes.

Toutefois, il est également important de parfois prendre du recul et de faire preuve de prudence.

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Les innovations procurent des avantages et des progrès importants. Toutefois, elles peuvent également causer bien des maux de tête et des impacts négatifs si elles ne sont pas testées correctement et appuyées par des données. Qu’avons-nous appris dans les 50 dernières années de production laitière, et quand devrions-nous faire preuve de prudence avant d’adopter des changements?

Au cours des dernières décennies, le comptage de cellules somatiques (CCS) a chuté et la qualité du lait s’est améliorée. Ce progrès est en grande partie dû à une réduction importante de la prévalence des mammites contagieuses et à une amélioration de l’hygiène et des façons de faire lors de la traite. Malgré cela, la mammite, aussi bien contagieuse qu’environnementale, continue à affecter l’industrie et demeure la maladie la plus coûteuse dans le domaine de la santé animale. De toute évidence, nous n’avons pas réussi à résoudre le problème des mammites et à éliminer le risque qu’elles posent pour la qualité du lait. Pour régler ce problème, il est tentant de regarder du côté des plus récents capteurs, suppléments, tests à la ferme ou autres technologies qui envahissent le marché. Au lieu de cela, prenons un pas de recul et examinons nos apprentissages et nos connaissances sur le contrôle de la mammite.

Bien que l’industrie laitière ait changé de manière considérable au cours des dernières décennies, les principes de base pour contrôler une mammite contagieuse demeurent les mêmes. Historiquement, les trois principaux agents pathogènes contagieux en cause sont Staphylococcus aureus, Streptococcus agalactiae et les mycoplasmes. Aujourd’hui, la prévalence de S. agalactiae est très faible, principalement grâce à l’utilisation de traitements antibiotiques intramammaires efficaces au tarissement. Toutefois, S. aureus et les mycoplasmes sont toujours présents à un moment ou à un autre dans la majorité des fermes laitières et sont capables de provoquer des infestations extrêmement coûteuses et dommageables. Que savons-nous sur ces bactéries et quelle est la meilleure approche pour les contrôler et les prévenir?

Gardez ça simple

Le moment le plus à risque pour la transmission de la mammite contagieuse est lors de la traite, directement d’une vache à une autre. Les agents pathogènes ont du mal à survivre à l’extérieur de la vache. Les résidus de lait sur les manchons trayeurs, les mains de la personne qui fait la traite, le partage des canules ou des dilatateurs à trayons, la réutilisation des serviettes et un mauvais entretien des brosses à trayons sont tous d’excellents véhicules pour la transmission de la mammite contagieuse.

Concentrez-vous sur une bonne procédure de traite et une bonne hygiène, et évitez de perdre du temps à identifier d’obscures sources environnementales pour S. aureus ou les mycoplasmes.

Détection précoce des animaux infectés

L’identification des animaux infectés afin de les séparer du troupeau ou de les réformer demeure l’outil le plus puissant pour limiter la propagation. Pour y arriver, la méthode la plus efficace consiste à effectuer des cultures de routine sur tous les animaux lors du vêlage. La connaissance est la clé pour contrôler la mammite contagieuse. En identifiant rapidement les animaux infectés, l’objectif est de protéger les vaches saines et de préserver la santé du troupeau.

Souvenez-vous des bases

L’objectif principal est que les trayons soient propres et secs pour la traite. Élaborez une procédure de traite écrite et affichez-la dans le salon de traite. Formez les personnes responsables de la traite afin qu’elles comprennent le « pourquoi », et assurez-vous que la procédure est appliquée. Voici les éléments clés à inclure dans la procédure :

  • Les personnes responsables de la traite devraient porter des gants en tout temps.
  • Les trayons doivent être complètement immergés dans une solution désinfectante avant et après la traite. La qualité du germicide est importante. Des problèmes de peau ou l’utilisation d’un germicide de mauvaise qualité peuvent faire augmenter le nombre de nouvelles infections.
  • Utiliser une serviette par vache. Les serviettes à usage unique peuvent être en papier ou en tissu, mais doivent être sèches. Les serviettes qui sont lavées sans être séchées présentent des comptes de bactéries plus élevés sur les cultures.
  • Faites une inspection visuelle du pis et du lait pour détecter des signes de mammite. Envisagez de tirer les premiers jets de chacun des quartiers au moins une fois par semaine.
  • Des passages multiples dans la zone de chaque trayeur pour permettre au germicide d’agir assez longtemps et stimuler la descente du lait.
  • Minimiser le temps de traite grâce à une préparation et à une procédure adéquates. Moins les vaches passent de temps dans le parc d’attente et dans le salon de traite, mieux elles se portent.
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Les innovations entraînent de nouvelles pratiques dans la salle de traite, mais un pis propre et sec demeure la clé pour traiter les mammites. Photo par Justine Britten.

Qu’en est-il de la mammite environnementale? Les producteurs laitiers sont devenus très bons pour contrôler la mammite contagieuse. Par conséquent, les discussions entourant la qualité du lait se concentrent davantage sur la résolution de problèmes spécifiques à la mammite environnementale. Souvent, quand on entend parler de mammite environnementale, on pense instantanément au bâtiment et au type de litière. Bien sûr, il s’agit de composantes importantes de l’environnement de la vache qui ont un impact sur la santé du pis. Toutefois, il faut garder à l’esprit d’autres sources potentielles de problème dans son environnement, y compris ce qui se passe dans la salle de traite.

Fonctionnement de la trayeuse

Les entretiens de routine et les tests de fonctionnement de la trayeuse sont essentiels pour prévenir les cas inutiles de mammite. Les défaillances au niveau de la performance de la machine peuvent causer une hyperkératose ou des problèmes sur l’extrémité des trayons, une surtraite et une augmentation des cas de mammite. Sur votre exploitation, combien d’animaux pourraient être affectés chaque jour par un pulsateur en mauvais état?

Qualité de l’eau

La plupart des salons de traite sont équipés de différents types de boyaux d’arrosage. L’eau qui circule dans ces boyaux n’est généralement pas traitée avec un assainisseur, ce qui favorise la colonisation par des bactéries pathogènes, comme Pseudomonas aeruginosa. Cette eau chargée de bactéries se retrouve sur toutes les surfaces de la salle de traite et peut-être même sur les pis, ce qui peut parfois causer des cas de mammite graves. Le remplacement régulier des boyaux et l’ajout d’un assainisseur à l’eau contribuent à prévenir la croissance des bactéries.

Réforme

Le fait de retirer les vaches atteintes de mammites chroniques du troupeau est une décision de gestion importante. Trop souvent, on réalise en discutant avec les producteurs que les vaches plus âgées, présentant un CCS plus élevé, sont conservées tandis que des génisses sont réformées pour cause de mammite. Il faut se concentrer sur le contrôle de l’exposition à de nouvelles infections et sur la protection des animaux sains. Une bonne politique est de retirer une vache après « trois prises », c.-à-d. trois visites dans l’enclos-hôpital au cours d’une même lactation.

La plupart des éléments présentés ici font partie du Plan de contrôle de la mammite en cinq points, un plan développé il y a près de 50 ans par des experts de la mammite de partout sur la planète. Il convient d’aborder le dernier élément de ce plan, soit l’utilisation d’antibiotiques intramammaires.

Traitement antibiotique

L’utilisation d’un traitement antibiotique intramammaire, lorsqu’il est approprié, reste un outil très efficace pour guérir les infections existantes. Il peut être administré dans les deux situations suivantes :

  1. Traitement pendant la lactation – Plusieurs infections qui surviennent pendant la lactation ne sont pas de bonnes candidates pour un traitement intramammaire. Il est bien documenté que les infections à Gram négatif réagissent peu ou pas aux antibiotiques administrés par voie intramammaire et que, dans le meilleur des cas, les vaches atteintes finissent par guérir par elles-mêmes. Les taux de guérison ne peuvent pas être améliorés par l’administration d’un antibiotique. Toutefois, les traitements basés sur des cultures de streptocoques environnementaux à Gram positif et de staphylocoques à coagulase négative peuvent être très efficaces pour lutter contre la mammite chez les vaches fraîches vêlées et pour diminuer le CCS global. Tout protocole de traitement doit être élaboré en étroite collaboration avec votre vétérinaire.
  2. Traitement au tarissement – Malgré la popularité grandissante du traitement sélectif des vaches taries, le traitement systématique au tarissement demeure la méthode la plus efficace pour guérir les infections existantes et prévenir l’apparition de nouvelles infections.

Le Plan de contrôle de la mammite en cinq points est-il toujours valide? Ce plan a été élaboré pour l’industrie laitière des années 1960, et il est évident que de nombreux aspects ont changé depuis. Toutefois, ces points clés constituent une stratégie simple et abordable, qui a fait ses preuves et s’est avérée efficace pour réduire la mammite. La pression des consommateurs pour réduire l’utilisation des antimicrobiens et l’apparition constante de nouvelles technologies nous forceront à apporter des changements à ce plan et à l’industrie. Toutefois, je nous mets en garde contre les raccourcis et les solutions faciles. Souvenez-vous des principes de base – des vaches en santé et des trayons propres et secs, et utilisez-les à votre avantage. Les innovations ont leur place, mais doivent être étudiées avec attention avant de déterminer si elles conviennent à votre ferme.  

Justine Britten possède un doctorat en sciences animales, laitières et vétérinaires de l’Université d’État de l’Utah. Elle travaille chez Udder Health Systems, où elle est responsable de la gestion de la recherche et des projets, des consultations sur la qualité du lait et des activités du laboratoire.