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Carvalho murilo
Territory Manager / Boehringer Ingelheim
Murilo Carvalho was formerly the education and extension technical specialist, member and custome...

L’objectif des Producteurs laitiers du Canada (PLC) de n’émettre aucun gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050 n’est pas récent.

Cet objectif a suscité des interrogations de la part des producteurs, qui se sentaient initialement mal préparés et incertains quant à la manière de l’atteindre. Pour beaucoup, il était difficile de comprendre en quoi consistait cet objectif.

Cependant, cela ne doit pas causer de panique; il existe des recherches prometteuses et un effort dédié pour aider les agriculteurs à comprendre les obstacles et les possibilités de réduire les émissions de GES. Récemment, les PLC ont publié le Guide des meilleures pratiques de gestion pour atténuer les émissions dans les fermes laitières, qui clarifie les chemins à suivre pour atteindre la carboneutralité. Pour certains, cela peut même être une occasion d’explorer des alternatives pour leur entreprise.

Que signifie l’objectif de carboneutralité?

Pour parvenir à une carboneutralité, lindustrie laitière doit considérablement réduire les émissions de GES dans la production et utiliser des initiatives pour éliminer le carbone et autres gaz de latmosphère. Le statut de neutralité carbone est atteint lorsque les émissions sont entièrement compensées par lélimination du carbone.

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Les trois principales sources d’émissions dans une ferme laitière

  1. La fermentation entérique – se produit pendant le processus naturel de fermentation dans le rumen de la vache, entrainant la production de méthane. Ce processus est inévitable et inhérent aux systèmes biologiques. De nombreux efforts sont déployés pour étudier des alternatives permettant de réduire ce phénomène, tels que les additifs alimentaires et les stratégies nutritionnelles. L’évaluation génétique disponible au Canada est une autre solution possible.
  2. Gestion des fumiers – le fumier peut générer du méthane et de l’oxyde nitreux s’il n’est pas manipulé correctement. Il peut produire ces gaz lors de la décomposition dans les lagunes ou les fosses, ou lorsqu’il est épandu dans les champs comme engrais sans traitement approprié. Différentes stratégies et pratiques peuvent permettre de réduire considérablement les émissions et d’améliorer le potentiel fertilisant de votre fumier.
  3. Les combustibles fossiles – les fermes laitières dépendent de l’électricité, des outils, des véhicules, du chauffage et de l’équipement alimenté au gaz ou au diesel. Lorsque ces carburants sont brûlés, ils émettent du CO2. Les machines utilisées pour la production d’aliments et la génération d’électricité (hydroélectricité) sont les plus grands contributeurs aux émissions dans une ferme laitière. Au cours des prochaines années, nous pouvons nous attendre à avoir accès à un plus grand nombre de sources d’électricité alternatives à un coût abordable, ainsi qu’à des machines et des véhicules plus efficaces ou alimentés par des sources alternatives.

Comment l’industrie laitière réduit-elle ses émissions?

Même si vous ne réduisez pas activement vos émissions, votre ferme est probablement devenue plus efficace au fil du temps en augmentant les rendements des cultures et la production par vache, ce qui se traduit par une empreinte carbone réduite par verre de lait.

En tant que leader mondial de l’industrie laitière, le Canada a réalisé des progrès significatifs dans la réduction des émissions au cours des 20 dernières années, principalement en améliorant l’efficacité de la production – une réduction d’environ 25 % de l’empreinte carbone du lait sur cette période. En projetant des gains d’efficacité similaires pour les 25 prochaines années, nous pouvons estimer que nous aurons beaucoup progressé.

Des efforts supplémentaires sont cependant nécessaires pour atteindre l’objectif de carboneutralité. Bien que les gains de production se poursuivront, un rôle plus large et plus actif est nécessaire pour atteindre l’objectif – et le guide des PLC fournit des informations précieuses sur la réduction des émissions et leur compensation par la capture du carbone dans l’atmosphère.

Pour illustrer les gains de production réalisés, le Figure 1 montre les progrès réalisés dans la quantité de gras produite par lactation de 305 jours, et estime les gains futurs jusqu’en 2050 sur la base des avancées des 10 dernières années. Si cette tendance se poursuit, nos vaches devraient produire environ 500 kilogrammes de gras d’ici 2030, 567 kilogrammes d’ici 2040 et 636 kilogrammes d’ici 2050. Cela représenterait une augmentation de 44 % par rapport aux niveaux actuels (441 kilogrammes par lactation de 305 jours)! 

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Saisir de nouvelles opportunités

Atteindre le niveau zéro d’émission nette implique d’équilibrer la quantité de gaz produite et éliminée à la ferme, et il n’y existe pas de formule établie.

Plusieurs approches permettent d’atteindre cet objectif, notamment l’adoption de sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie solaire, l’énergie éolienne et le biogaz, par exemple. Elles peuvent répondre aux besoins énergétiques de la ferme et lui permettre de vendre l’excédent d’énergie aux compagnies d’électricité, créant ainsi une source de revenus supplémentaire. Alternativement, l’installation de biodigesteurs (digesteurs anaérobies) peut réduire considérablement les émissions de fumier, tout en produisant du biogaz et un engrais de haute qualité. Le biogaz peut être utilisé pour produire de l’électricité ou de la chaleur, comme carburant pour véhicules ou comme gaz de cuisine.

Bien que les biodigesteurs nécessitent un investissement et un entretien importants, ils constituent une option viable pour les grandes fermes ou les groupes de fermes (laitières ou non laitières). Il est également possible de conclure des partenariats avec des entités extérieures à l’industrie, car elles peuvent traiter les déchets organiques produits par les humains (déchets alimentaires).

Il existe de nombreux projets de biodigesteurs réussis à travers le pays, offrant des exemples encourageants de la façon dont cette technologie peut être utilisée – par exemple, à Stanton Farms, présentée dans l’édition de mars 2023 du magazine Progressive Dairy – en français. L’investissement élevé s’accompagne d’une réduction importante des émissions, ainsi que des coûts d’électricité et d’engrais. Vous serez également en mesure de « vendre » la capacité de traitement des déchets à une autre entreprise.  

Les consommateurs sont de plus en plus conscients de l’origine et de la manière dont leur nourriture est produite. Une opportunité se dessine donc pour les producteurs laitiers qui souhaitent transformer leur propre lait. Il existe des exemples de produits laitiers carboneutres dans le monde entier, notamment du lait entier, du beurre, de la crème et des fromages. Pour ceux qui ont l’esprit d’entrepreneur, il y a de nombreuses options. Par exemple, le Cheddar d’Ivy de Wyke Farms Ltd au Royaume-Uni était le premier fromage carboneutre au monde, alors que d’autres entreprises telles que Neutral aux États-Unis et NoCarbon au Brésil ont une gamme diversifiée de produits, comme indiqué ci-dessous.

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Les produits laitiers carboneutres deviennent une réalité mondiale et attirent l’attention de certains créneaux. Pour ceux qui envisagent de transformer leur propre lait, il s’agit d’une opportunité de marketing et d’affaires.

 
 

Avancer dans la bonne direction

Le battage médiatique initial autour de l’objectif de zéro émission nette s’est calmé. Toutefois, il est évident que les producteurs laitiers canadiens progressent dans la bonne direction. L’industrie est confrontée à un défi de taille, mais avec une recherche accrue, des connaissances et de l’expérience en ferme, nous anticipons des progrès significatifs vers l’objectif.

Les outils de gestion, tels que le guide des pratiques de gestion nouvellement publié par les PLC, sont une excellente ressource pour les producteurs, offrant une base solide et des informations accessibles.

En plus des avantages financiers, il existe des opportunités claires pour les producteurs et toute l’industrie de tirer profit de l’adoption de technologies et d’investissements pour réduire les émissions. Ces avantages peuvent être exploités et utilisés pour avoir un impact positif sur la société et démontrer une fois de plus pourquoi le Canada est un leader mondial en matière de production laitière.

Murilo Carvalho est le spécialiste éducation et transfert de connaissances, division de la communication stratégique, de Holstein Canada.