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Assis dans son bureau, une tasse de café à la main, Paul Larmer a toute l’apparence d’un homme ordinaire. Inconnu du grand public, son influence sur le secteur de la génétique laitière est pourtant indéniable.
C’est autant pour son leadership remarquable que pour sa simplicité que Larmer a été désigné « Personnalité internationale de l’année » par la World Dairy Expo.
« Je me sens à la fois très honoré et très humble, car il y a tant de personnes qui devraient partager ce prix avec moi. D’abord et avant tout, ma famille – Margaret, Catherine et Hannah, qui m’ont toujours donné leur appui, explique Larmer. C’est une véritable leçon d’humilité de savoir que des collègues, des conseils d’administration et même des concurrents ont soutenu ma candidature pour ce prix, qui est décerné par une organisation que je tiens en très haute estime. »
Larmer a été nommé personnalité internationale de l’année à l’occasion de son départ à la retraite en tant que directeur général de Semex. Cette reconnaissance est le point culminant d’une carrière déjà bien remplie dans l’industrie laitière mondiale.
« L’aspect le plus gratifiant de ce prix est qu’il est de niveau international, précise Larmer. Il ne s’agit pas de reconnaître un accomplissement local ou un niveau de leadership particulier. Ce prix signifie que ma portée a été plus grande que je ne l’aurais jamais imaginé il y a quelques années, et c’est ce dont je suis le plus fier. »
Les années formatrices, pivots d’une longue carrière
Pendant sa carrière, Larmer a participé aux efforts locaux pour améliorer les services à la ferme, mené des entreprises à travers plusieurs fusions et changements organisationnels, et facilité l’expansion mondiale de la génétique laitière canadienne.
Le premier tournant de sa carrière s’est produit à peine trois ans après sa sortie de l’université. En 1984, il a été engagé par United Breeders Inc. comme analyste de taureaux. À ce titre, il a contribué à l’élaboration d’un programme d’accouplement, le premier du genre, qui permettait de planifier les accouplements directement à la ferme. Près de 10 ans plus tard, il a été promu directeur général de la société.
« Nous avions réaménagé une Dodge Caravan pour y installer un ordinateur, un bureau et une petite chaise à l’arrière. Nous nous rendions à la ferme pour recueillir les données sur les vaches, puis nous exécutions le programme dans la camionnette, explique Larmer. Je pense que c’est cette relation avec nos membres qui a contribué à ce qu’on me demande d’être directeur général, alors que j’étais relativement jeune et sans expérience. »
Le conseil d’administration avait remarqué la confiance, la passion et la persévérance de Larmer, toutes des qualités importantes pour un poste aussi respecté.
En tant que directeur général, Larmer a mené la fusion entre United Breeders Inc. et Western Ontario Breeders Inc. pour former Gencor, l’actuelle EastGen, et a préparé le terrain pour la formation de L’Alliance Semex deux ans plus tard.
« Lorsque j’ai été approché pour la première fois au sujet de la fusion entre United Breeders et Western Ontario Breeders, je me suis dit “Pourquoi pas?” On ne sait pas ce qu’on ne sait pas, mais je savais que c’était une bonne chose pour nos membres, explique Larmer. Avec le recul, la formation de L’Alliance Semex a été capitale. De nombreuses organisations ne prennent pas ce genre de mesures à moins d’y être obligées. Cette étape particulière a été avant-gardiste et a marqué un véritable tournant pour l’industrie. »
Dans les premiers temps de Semex, Larmer a occupé le poste de directeur des ventes internationales et du marketing, encourageant les idées ambitieuses à devenir réalité. C’est l’ancien directeur général, Robert Chicoine, qui lui a rappelé l’importance de reconnaître les réalisations de l’entreprise.
« Robert m’a appris que de temps en temps, il faut s’arrêter pour réfléchir à ce qui a été accompli, sans se préoccuper de la suite, raconte Larmer. C’est une bonne leçon. Il faut savoir célébrer les succès afin de créer une culture de la réussite qui nourrit la prochaine génération d’innovation. »
Après la création de Semex, Larmer s’est retiré pendant une courte période avant de revenir en tant que directeur général en 2007. Au cours de son mandat, il a propulsé l’entreprise à l’échelle mondiale, créant de la croissance et du rendement pour les coopératives membres, tant sur le plan financier que génétique.
« Ce furent autant de tremplins pour des nouveaux et innovants projets qui ont fait progresser l’organisation et notre secteur d’activité, confie Larmer. Lorsque je pense à d’autres investissements et partenariats, je me dis qu’ils n’auraient pas été possibles sans ces périodes formatrices de ma carrière. »
Bien entendu, le succès de Larmer ne s’est pas fait sans obstacle, tant sur le plan personnel que pour l’ensemble du secteur. Peu après son entrée en fonction, en 2009, les progrès de la génomique ont bouleversé le modèle de l’amélioration génétique. Ces changements ont non seulement poussé l’entreprise à gérer des programmes mâles et femelles, mais ils ont également modifié son modèle de production et l’ont incitée à se doter d’installations plus performantes.
Depuis, la philosophie en matière de technologie et de reproduction est davantage basée sur la science, et a largement contribué à la prospérité de l’entreprise.
« C’était un énorme défi, mais c’est aujourd’hui l’une de nos plus grandes réussites », précise-t-il.
En outre, Larmer a supervisé l’expansion mondiale de la technologie de fécondation in vitro (FIV) de l’organisation, en octroyant des licences au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Suisse et en Italie.
Chaque fois qu’il a atteint l’un de ces tournants dans sa carrière, Larmer se souvenait du conseil d’un collègue très cher, qu’il partage encore aujourd’hui : L’ego est un mauvais conseiller.
« J’y réfère pour les décisions d’entreprise, les visions, les stratégies, et même au niveau personnel, déclare-t-il. Beaucoup de choses peuvent mal tourner parce que quelqu’un a fait passer son ego en premier. Nous devons faire ce qu’il y a de mieux pour les personnes pour lesquelles nous travaillons. En tant qu’industrie, nous sommes tous au service d’une seule et même personne, le producteur laitier ou la productrice laitière. Nous devons faire preuve d’ouverture d’esprit et de dialogue, travailler ensemble et surmonter les divisions pour garantir la stabilité et la rentabilité de notre secteur. »
Bien qu’il soit aujourd’hui à la retraite, l’impressionnante perspicacité de Larmer se perpétue au sein de l’entreprise et par l’intermédiaire des personnes qu’il a encadrées. Elle se reflète dans la motivation des personnes qui dirigent l’organisation et dans la mondialisation et la croissance de l’entreprise, associée à des rendements favorables pour les partenaires-propriétaires.
Affaire conclue grâce au mentorat
Larmer n’a jamais eu l’intention d’être le visage d’une entreprise internationale. Il a grandi sur la ferme laitière de sa famille, où les 4-H et d’autres activités pour les jeunes ont marqué son enfance. Même s’il a été exposé très tôt à la génétique bovine et à du mentorat dans le secteur, il a longtemps cru que sa carrière l’amènerait vers les programmes pour la jeunesse.
C’était le cas jusqu’à sa troisième année d’études, lorsqu’il a rencontré le cadre d’une entreprise d’aliments et de nutrition animale qui lui a proposé un emploi après l’obtention de son diplôme.
« À l’époque, j’étais jeune et naïf, mais il m’a fait confiance, raconte Larmer. Cela s’est avéré être une excellente décision. J’ai pu continuer à travailler avec des producteurs laitiers, j’ai rencontré des gens formidables et j’ai assisté à des expositions et à des événements. »
C’est à cette époque que Larmer a rencontré Kevin Lang, qui a stimulé son intérêt pour l’aspect génétique de l’industrie et a propulsé sa carrière.
« Ma carrière est différente de ce que j’avais imaginé à la sortie de l’université, mais elle a été très gratifiante, explique Larmer. J’ai eu la chance de tisser des relations qui ont été déterminantes pour ma carrière. Par conséquent, chaque fois que j’ai l’occasion d’interagir avec des jeunes et d’être un mentor, je la saisis. Le mentorat est une bonne chose pour le secteur et pour les jeunes en tant qu’individus. »
Larmer encourage les jeunes à prendre des risques et à saisir les opportunités dès le début de leur carrière, même s’ils se trouvent en terrain inconnu.
« L’échec permet de semer les graines de la réussite, et il n’y a pas de mal à échouer, affirme Larmer. Le pire échec est de ne pas s’impliquer. Vous pouvez apprendre et rencontrer des gens qui, bien souvent, influenceront votre carrière par la suite. »
Paul Larmer ne le sait que trop bien.
Chronologie de la carrière de Paul Larmer
- 1981 : Obtient un baccalauréat en sciences du Collège d’agriculture de l’Ontario de l’Université de Guelph.
- 1984 : Débute dans le secteur de la génétique bovine en tant qu’analyste de taureaux laitiers chez United Breeders Inc.
- 1990 : Devient directeur du marketing chez United Breeders Inc.
- 1995 : Promu directeur général de United Breeders Inc., il supervise la fusion de United Breeders Inc. et de Western Ontario Breeders Inc. pour former Gencor, actuellement connue sous le nom d’EastGen.
- 1997 : Influence la fusion de trois coopératives canadiennes d’insémination artificielle au sein de L’Alliance Semex, où il occupe le poste de directeur des ventes et du marketing.
- 2004 : Dirige les ventes et le développement commercial en tant que directeur des Amériques pour Alta Genetics Inc.
- 2007 : Revient chez Semex en tant que directeur général et dirige le recrutement du personnel clé, les initiatives de planification stratégique et les changements organisationnels.
- 2024 : Prend sa retraite après 17 années consécutives de croissance record pour Semex.