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La résistance aux antimicrobiens (RAM), soit lorsque les bactéries ne répondent plus aux antibiotiques, est un risque majeur pour la santé humaine. Elle touche directement les producteurs et les travailleurs agricoles, qui sont constamment exposés à des bactéries par l’intermédiaire de leurs animaux.
Lors de la récente assemblée générale annuelle (AGA) des Producteurs laitiers du Canada (PLC), Daniel Lefebvre, chef de l’exploitation de Lactanet, directeur du Centre d’expertise et conseiller scientifique en chef auprès du chef de la direction des PLC, a présidé un groupe de discussion sur ce sujet crucial. Les panélistes, Herman Barkema, professeur en épidémiologie des maladies infectieuses à l’Université de Calgary, le Dr Rob Tremblay, vétérinaire, et Dave Taylor, producteur laitier et ancien représentant du conseil d’administration des PLC, ont discuté de l’utilisation des antimicrobiens (UAM) et de l’importance de réduire la dépendance à l’égard des antimicrobiens.
« À l’échelle internationale, les coûts de la résistance aux antimicrobiens sont plus élevés que ceux du VIH/sida et du paludisme réunis », a rapporté Barkema. Chaque année, 18 000 patients hospitalisés au Canada contractent des infections liées à la résistance aux antimicrobiens; 4,95 millions de personnes dans le monde meurent chaque année de ces infections, et les chiffres augmentent d’année en année.
Les facteurs à l’origine de l’augmentation des taux de RAM comprennent l’utilisation accrue d’antibiotiques dans la gestion de la santé humaine et animale, la vente de médicaments sans contrôle médical et le manque de respect des conseils médicaux et vétérinaires.
Quatre-vingt-deux pour cent des antimicrobiens distribués au Canada sont destinés aux animaux de production; si l’on tient compte des populations et de la taille des animaux, cela signifie que 1,8 fois plus d’antimicrobiens ont été utilisés chez les animaux que chez les humains. Ces antimicrobiens peuvent s’infiltrer dans l’environnement par l’urine et le fumier des vaches, et la principale voie de transmission à la population n’est pas le lait pasteurisé ou la viande de bœuf vendue à l’épicerie, mais bien les eaux souterraines.
« Les études réalisées par l’Université de Calgary pour l’Organisation mondiale de la santé montrent clairement que si l’on réduit l’utilisation des antibiotiques chez les animaux, la résistance chez l’homme diminue », a expliqué Barkema. Il a présenté des données montrant que le nombre d’infections chez les producteurs et les travailleurs agricoles diminuait également de 29 %.
Tremblay a détaillé les changements intervenus au Canada depuis 2019 en ce qui concerne l’UAM et la RAM. En février de cette année-là, le Québec a restreint le traitement des animaux avec des médicaments antibactériens jugés très importants pour les humains, sans tests approfondis ou en utilisant des solutions de remplacement lorsqu’elles étaient disponibles.
Au cours des cinq années qui ont suivi l’adoption de ce règlement, des études montrent que davantage de producteurs et de vétérinaires canadiens ont réduit l’ensemble des traitements antibiotiques. « Parce que les producteurs laitiers reconnaissent qu’ils ont une obligation d’un point de vue économique et d’un point de vue du bien-être, ils ont opté pour des stratégies plus préventives », a déclaré Tremblay. « Ils se sont dit qu’ils allaient prendre des mesures énergiques pour réduire le risque que leurs animaux soient atteints de la maladie. Cela a constitué un important avantage secondaire. »
Dave Taylor, qui a beaucoup appris sur la résistance aux antimicrobiens dans le cadre de son travail aux PLC et en tant que membre du conseil d’administration de Santé animale Canada, est devenu de plus en plus conscient de l’utilisation des antibiotiques dans sa propre ferme. « Lorsque nous avons besoin d’antibiotiques et qu’ils constituent le seul remède, ou que ceux que nous aimons en ont besoin – même nos vaches et nos veaux – nous voulons que ces antibiotiques soient disponibles et qu’ils agissent pour rétablir la santé ».
Taylor a mis l’accent sur les stratégies de prévention avant et après le vêlage, le soin des veaux, le soin des onglons, la mammite et les maladies respiratoires, ainsi que sur le respect scrupuleux des étiquettes concernant les doses de médicaments. Taylor a déclaré qu’une grande partie des progrès de l’industrie se résume à travailler avec un bon vétérinaire et à être conscient de la capacité du producteur à apporter des changements concernant cette problématique.
« Soyez ouverts à en apprendre davantage sur cet important sujet et informez-vous afin de pouvoir jouer un rôle de premier plan dans ce domaine », a affirmé Taylor. « Peut-être qu’ainsi, nous n’aurons plus l’impression qu’il ne s’agit que d’un problème de plus. Au contraire, nous pourrons faire avancer les choses dans l’intérêt de nos familles et de nos communautés. »
Barkema a conclu en félicitant les producteurs qui, comme Taylor, ont réussi à modifier leur approche du traitement de maladies telles que la mammite en tenant compte de la résistance aux antimicrobiens. « Vous avez fait un excellent travail en réduisant le nombre de cellules somatiques, et tout cela grâce à la prévention. »
Pour en savoir plus, consultez le site Web : ramaction.ca
Organisme national fondé en 1934, les Producteurs laitiers du Canada (PLC) défendent les intérêts des producteurs laitiers canadiens et mettent tout en œuvre pour créer les conditions qui favorisent l’industrie laitière canadienne. Les PLC, qui exercent leurs activités dans un contexte de gestion de l’offre, font la promotion de produits laitiers canadiens salubres, de grande qualité, durables et nutritifs faits de lait 100 % canadien par l’entremise de diverses initiatives misant sur le marketing, la nutrition, les politiques et le lobbying. Déterminés à jouer un rôle actif dans leur communauté et animés par un sentiment de fierté, les PLC et les producteurs laitiers canadiens soutiennent activement diverses initiatives locales et nationales. Visitez le producteurslaitiers.ca pour plus d’information.