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French jason
VMS Solution Manager / DeLaval North America

Les technologies de traite ont évolué au fil des décennies, de même que les stratégies d’alimentation incorporées dans l’exploitation laitière. Pour ceux qui utilisent l’automatisation pour traire les vaches, offrir des aliments au robot était considéré comme essentiel au succès du système. Récemment, certains producteurs laitiers en traite robotisée ont commencé à repenser cette approche.

Retour sur les stratégies d’alimentation sur les exploitations laitières

L’introduction d’une ration totale mélangée (RTM) offerte à l’allée d’alimentation a apporté une ration plus uniforme à la vache par rapport à la méthode traditionnelle d’alimentation par composants. De plus, la RTM a permis aux producteurs laitiers de puiser dans une plus grande variété d’aliments pour répondre aux besoins nutritionnels de leurs vaches de manière plus cohérente. L’alimentation individuelle au carrousel et dans la salle de traite était considérée comme un moyen d’assurer le confort des vaches pendant la traite et un moyen de compléter la ration de la vache. En nourrissant les vaches au carrousel ou la salle de traite, elles étaient également maintenues occupées et immobiles pendant le processus de traite. Ce concept d’alimentation a finalement disparu pour rendre le système plus simple et plus rentable, car nous avons appris que les vaches aiment tout simplement être traites.

Aujourd’hui, l’histoire se répète. Les vaches ont-elles vraiment besoin d’avoir des aliments dans le robot de traite pour rester à l’aise pendant que le bras du robot fonctionne tout au long du processus de traite?

L’intuition d’un producteur laitier

Avec un niveau élevé combiné d’expérience du comportement des vaches et une solide compréhension du système de traite robotisée dans son ensemble, un producteur laitier californien et son conseiller de troupeau se sont mis à approfondir une intuition et ont décidé d’essayer d’éliminer l’alimentations aux robots. Le producteur Matt Strickland et la conseillère Kelli Hutchings ont mis leurs pensées et leurs expériences en commun et ont collaboré avec le nutritionniste de l’exploitation pour retirer progressivement les granulés du robot. Au cours d’un processus d’environ deux ans, l’exploitation a éliminé les granulés dans l’installation de Strickland, composée de huit robots et de 500 vaches. Ils n’ont découvert aucun changement majeur dans les chutes manchons, les traites incomplètes ou les visites au robot – et la production de lait a augmenté, ce qui a aidé à valider leur décision de s’éloigner de l’alimentation dans le robot.

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D’autres exploitations aux États-Unis et au Canada ont commencé des mises en route de nouvelles installations de robot de traite sans alimentation au robot et connaissent un succès similaire. En plus d’économiser sur le coût des granulés, ces exploitations visent à rendre l’expérience de traite robotisée plus efficace. Tout comme dans un système de traite conventionnel, les besoins nutritionnels complets des vaches seraient comblés par la RTM. 

Les producteurs qui adoptent cette stratégie de gestion constatent les avantages suivants :  

  1. Il n’est pas nécessaire de gérer un stock supplémentaire d’ingrédients pour l’alimentation des animaux. 
  2. L’utilisation de tables d’alimentation complexes avec le système logiciel du robot a été éliminée. 
  3. Les producteurs peuvent nourrir leurs vaches assignées à la traite robotisée avec la même RTM que celle qu’ils nourrissent dans leurs salles de traite conventionnelles.
  4. Une réduction du gaspillage d’aliments, ou rétrécissement, signifie que moins de rongeurs sont attirés vers le robot par des aliments errants qui peuvent causer des ravages.  

Ces exploitations recherchaient tous les avantages ci-dessus ainsi qu’un environnement calme pour la traite des vaches.

Puisque chaque exploitation utilisait un système de circulation guidée, les producteurs ont découvert qu’avec une formation appropriée des vaches aux robots, les vaches arrivant dans le parc d’engagement se dirigeaient vers l’allée d’alimentation. En fin de compte, elle visitait le robot en connaissant sa destination finale. L’alimentation dans le robot n’était pas l’incitatif de ses visites au robot; le robot était juste un arrêt le long du parcours pour se rendre à l’endroit où elle voulait aller, qui était à la RTM.

Facteurs de réussite

L’élimination de la nourriture au robot est un concept intrigant, mais il faut de la préparation et de l’engagement pour le faire efficacement. Voici les principaux facteurs qu’une exploitation laitière devrait prendre en compte :

  • Circulation guidée – le bâtiment d’élevage doit être configuré comme un système de circulation guidée pour s’assurer que les vaches vont aux robots en fonction des permissions de traite définies. Les portes de présélection garantissent que les vaches arrivent dans la zone du robot et sont traites au moment opportun, en fonction de leur stade de lactation et de leur production.
  • Protocole de formation des vaches – les nouvelles vaches entrant dans l’installation robotisée (taures fraîches ou vaches qui ont déjà été nourries dans les robots) doivent être sur un programme de formation où l’opérateur amène la vache au parc d’engagement et à travers le robot au moins trois fois par jour pendant deux jours complets ou jusqu’à ce que la vache soit à l’aise de faire cette routine seule. Après cela, les vaches devraient être surveillées de près pendant trois à cinq jours supplémentaires afin de s’assurer qu’elles comprennent les portes, et la manière de circuler dans le bâtiment d’élevage.
  • Qualité des aliments dans la RTM – bien que la qualité des aliments soit importante dans toute installation laitière, il est essentiel de disposer d’une RTM équilibrée et dense en nutriments pour les vaches dans une opération robotisée sans supplémentation au robot. La RTM est utilisée pour encourager les vaches à aller à l’allée d’alimentation. Son désir d’y manger est ce qui la conduira à passer volontairement par les robots et à se faire traire. Les nutritionnistes bovins et les dirigeants de l’exploitation doivent s’aligner sur le plan de production de fourrages de haute qualité et équilibrés sur le plan nutritionnel pour la RTM.
  • Engagement de l’exploitation – l’exploitation, son personnel et ses intervenants doivent être pleinement engagés à l’égard de tous les protocoles, procédures et changements nécessaires pour s’assurer que cette stratégie de gestion des aliments du bétail soit organisée et bien exécutée. L’exploitation doit s’engager à former les vaches à naviguer volontairement dans l’installation, ce qui peut nécessiter d’aller chercher des vaches à certaines heures de la journée, d’ajuster les heures de distribution des aliments pour augmenter la circulation des vaches dans le bâtiment d’élevage et de planifier stratégiquement les routines quotidiennes dans le bâtiment pour limiter la quantité de perturbations pour les vaches. 

Chaque exploitation est différente et fait en sorte que son opération de traite robotisée soit adaptée à ses besoins et à ceux de ses vaches. Certains ont découvert que les vaches s’adapteraient à l’absence de nourriture dans le robot, tout comme elles l’ont fait il y a des décennies dans les carrousels et les salles de traite. Cela nous amène à nous interroger sur ce qui suit : Quelle stratégie de gestion du statu quo les producteurs laitiers renverseront-ils ensuite? 

Jason French est le directeur des solutions VMS chez DeLaval Amérique du Nord.