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Les terres agricoles se font de plus en plus rares. Cette rareté pousse les prix à la hausse et rend les terres exploitables difficiles d’accès pour les nouveaux agriculteurs qui souhaiteraient intégrer l’industrie.
À mesure que la population de la planète augmente, c’est un problème qui ne fait qu’empirer, malgré les efforts des organisations et des gouvernements dans divers pays pour réserver des terres pour l’agriculture. Qu’à cela ne tienne, il y a une solution…
Aller tenter le coup sur la lune.
L’année dernière, des scientifiques de l’Université de Floride ont prélevé des échantillons du sol lunaire recueilli lors de missions Apollo et y ont fait pousser des plantes. Ainsi, la colonisation spatiale est devenue un peu plus probable.
Ce sol lunaire – aussi appelé régolithe – a été rapporté par les astronautes des missions Apollo 11, 12 et 17 et stocké en partie dans un vide scellé pendant plus de 50 ans. Les scientifiques ont planté de l’arabette des dames (Arabidopsis thaliana) dans un gramme de régolithe par plante. L’arabette des dames est non seulement connue pour être une plante robuste et adaptable, mais elle a également été largement étudiée par les scientifiques, son génome étant déjà cartographié. Une solution nutritive a par ailleurs été administrée quotidiennement aux plantes. Bien que les plantes n’aient pas poussé aussi bien que dans le sol terrestre et aient montré des signes de stress, elles ont néanmoins survécu, ce qui signifie que le sol sur la lune contient lui aussi les nutriments nécessaires à la vie. Bien que le projet soit en grande partie académique à ce stade, ses résultats s’avèrent une bonne nouvelle dans la recherche de la meilleure solution pour calmer la faim des astronautes du futur.
Avec l’actuel programme Artemis de la NASA, les États-Unis cherchent à renvoyer des humains sur la Lune dans les prochaines années. À long terme, au fur et à mesure que l’exploration lunaire se poursuivra – incluant l’éventualité de construire des stations là-bas – les équipages devront être nourris. Étant donné que l’espace est restreint à bord des vaisseaux, la capacité de produire de la nourriture sur la lune même sera essentielle pour la viabilité de la présence humaine à la surface de notre satellite.
Bien que la persistance d’une plante acharnée ressemblant à une mauvaise herbe dans le sol lunaire soit une bonne nouvelle pour l’agriculture, il reste encore un long chemin à parcourir. Même si le régolithe contient suffisamment de minéraux pour les plantes – à l’exception de l’azote – l’un des problèmes est que celui-ci se compacte en présence d’eau. Sa forte densité rend la croissance des racines difficile à assurer. Cependant, l’Agence spatiale européenne (ESA), en partenariat avec l’entreprise norvégienne SolSys Mining, aurait possiblement trouvé un moyen de contourner cette difficulté grâce à l’agriculture hydroponique.
Dans le but d’utiliser autant que possible les ressources naturelles de la lune, le projet en question – baptisé en anglais Enabling Lunar In-Situ Agriculture by Producing Fertilizer from Beneficiated Regolith (que l’on peut traduire par « Permettre l’agriculture in situ lunaire en produisant des engrais à partir de régolithe enrichi ») – cherche à créer un système de serres tirant parti des minéraux présents dans le régolithe. À l’étape où ce projet est encore en développement, l’idée est de soumettre le sol lunaire à un processus de tri mécanique et de le lessiver chimiquement ensuite pour en isoler les nutriments importants. Les précieux éléments sont ensuite dissous dans une solution aqueuse et mis à profit dans un système de jardinage hydroponique. Si tout se passe bien, la vie pourrait devenir possible sur une surface auparavant considérée comme inhabitable.
Bien que les développements récents soient une étape majeure vers la colonisation de l’espace, l’idée n’est pas nouvelle. L’entreprise néerlandaise Mars One a projeté de créer une communauté sur la planète rouge qui coloniserait la dernière frontière.
Au lieu de cela, elle a lamentablement échoué et est considérée depuis comme une arnaque. L’entreprise avait promis d’envoyer des personnes pour un aller simple vers Mars afin d’y passer le reste de leurs jours, puis d’ajouter de nouveaux membres à la colonie lors de voyages ultérieurs. Toutefois, Mars One n’était pas une entreprise aérospatiale et c’est par la vente des droits de télévision qu’elle prévoyait financer l’aventure. Pour les scientifiques, il s’agissait là d’une mission suicide, des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ayant même prédit que, sur la base du modèle de Mars One, une première personne mourrait dans les 14 jours après son arrivée sur la planète rouge et les autres connaîtraient à coup sûr le même sort peu de temps après. Le PDG de l’entreprise avait laissé entendre que le coût du premier voyage vers Mars ne s’élèverait qu’à 6 milliards de dollars, tandis que la NASA estimait plutôt qu’il en faudrait 100 milliards. En 2019, Mars One a déclaré faillite et tout l’argent des investisseurs s’est envolé en fumée.
Les agriculteurs sont – par nécessité – les premières personnes à s’installer dans un nouvel endroit. Sans la capacité de se nourrir, nul ne survivrait longtemps. Cependant, les premiers agriculteurs sur la lune vont certes avoir la vie dure. Compte tenu de la gravité réduite, des températures extrêmes, des intenses radiations et de l’absence totale d’atmosphère, absolument rien ne ressemblera aux journées de printemps au champ auxquels ils étaient habitués.
En fait, il n’y aura à peu près plus qu’un seul panorama à contempler : celui du firmament où ils nous verront tous sur Terre. Quoi qu’il en soit, la plupart des gens en Amérique sont des descendants de colons originaires d’ailleurs dans le monde qui ont su innover. Il y a peut-être là des similitudes avec ce qu’expérimenteront les humains en déménageant ailleurs dans notre système solaire.
L’agriculture lunaire n’est peut-être pas la prochaine grande révolution dans le domaine, mais elle n’est peut-être pas si loin non plus.