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Dans ma très lointaine jeunesse, les histoires avec une morale étaient courantes et les enfants les comprenaient.
Le conte « Les trois petits cochons » ne racontait pas seulement l’histoire de trois cochons construisant des maisons dans la forêt. C’était une histoire proposant une morale sur l’éthique de travail et les avantages de construire des choses durables.
Bien sûr, la morale de l’histoire dans les adaptations modernes se perd inévitablement dans une finale rose bonbon. Dans le monde moderne, les cochons ne sont pas mangés par les grands méchants loups et les loups ne meurent pas dans des marmites d’eau bouillante, même si cela signifie se débarrasser complètement de la morale de l’histoire. Dans notre société, où chaque joueur reçoit un trophée de participation, la raison de la morale édulcorée des trois cochons prend tout son sens : une fin non adoucie pourrait heurter le lecteur.
« La cigale et la fourmi » était autrefois une histoire sur la préparation de l’avenir, où les crampes d’estomac d’une cigale affamée était son châtiment pour avoir joué tout l’été alors que la fourmi savourait sa récompense de pouvoir compter sur un endroit chaleureux et confortable ainsi qu’une abondance de nourriture.
Dans notre version moderne, la cigale est plutôt invitée à partager l’abondance de la fourmi et n’a donc jamais à racheter sa bêtise. Elle sera à nouveau libre de danser, de chanter et de jouer tout l’été prochain. Encore une fois, la morale de l’histoire se perd dans le flou bienfaisant et chaleureux de notre société.
Bien sûr, c’est vraiment gentil de la part de la fourmi de partager avec la cigale, mais que se passerait-il si 10 cigales paresseuses emménageaient chez la fourmi? Inévitablement, la fourmi en souffrirait. Je me demande combien de fourmis se prépareraient pour l’hiver en sachant qu’une cigale viendrait s’installer. Sans la morale et la vérité ancrées dans l’histoire, celle-ci perd de sa valeur et de son sens.
Il y a aussi l’histoire des « Trois boucs bourrus ». Bien sûr, nous savons que les trolls sont méchants, laids et avares. Qui érigerait un pont et menacerait de manger ceux qui passent dessus? Le troll possédait le pont et il était en mesure de décider qui pourrait le traverser. Ses tactiques étaient déplorables, certes, mais les chèvres n’étaient pas mieux. L’histoire se déroule ainsi : chaque bouc bourru dit au troll de manger son grand frère jusqu’à ce que, finalement, le plus grand des boucs bourrus utilise ses énormes cornes pour faire tomber le troll dans l’eau, après quoi tout le monde vit heureux après avoir pu traverser le pont des trolls à sa guise.
Cela ressemble un peu à des manifestants qui ne prêtent aucune attention à la propriété ou aux conséquences lorsqu’ils pillent le magasin ou l’entreprise de quelqu’un parce qu’ils n’aiment pas ce qui se passe au sein du gouvernement ou de la société. Je ne blâme pas les boucs pour ce qui se passe, mais quelque part, des enfants ont appris qu’il est acceptable de détruire des biens s’ils sont contrariés.
Je ne peux que me demander ce que les enfants apprennent des contes édulcorés d’hier. Peuvent-ils vraiment découvrir une histoire et y trouver la morale qui était pourtant si claire dans le passé? Je m’interroge également sur les contes d’aujourd’hui. Nos enfants tirent-ils des leçons morales de la littérature qu’ils lisent?
Si les philosophies émergentes percolent dans la société, où nous mèneront-elles? Combien d’enfants tomberont sans se méfier dans les pièges tendus par des philosophies non éprouvées? Les parents doivent poser ces questions sur les livres que leurs enfants ramènent à la maison. Ils doivent faire des choix clairs quant aux messages qui sont envoyés et reçus. Y a-t-il une vérité sous-jacente ou avons-nous plutôt affaire à un plan évasif et douteux conçu pour asservir et détruire?
Bien sûr, je ne préconiserais pas que les cochons soient des mangeurs de loups ni que les loups meurent dans de l’eau bouillante. Il doit y avoir une certaine protection des plus sensibles et vulnérables et tous doivent pouvoir profiter d’une histoire simplement pour l’amour de l’histoire. J’aime bien la version plus gentille, mais je ferais en sorte que mon enfant comprenne la vraie morale de l’histoire. Je prendrais le temps de lui expliquer que les deux frères cochons ont tout perdu parce qu’ils n’ont pas construit de maisons qui résisteraient au vent de l’adversité. Cela pourrait être un bon point de transition pour faire savoir aux enfants que la servitude financière et les projets d’enrichissement rapide sont des maisons faites de paille et de bâtons de bois et que les ralentissements économiques sont aussi destructeurs que le souffle du loup dans l’histoire.
Je ferais en sorte que mon enfant comprenne que la bêtise de la cigale n’est pas bonne pour la société. Le mode de vie des cigales est tout autour de nous. La dette de notre pays est endémique; même le gouvernement dépense comme si l’avenir ne pouvait qu’être ensoleillé en permanence. Avec leur attrayante proposition « achetez maintenant, payez plus tard », les cartes de crédit sont un piège. Dépenser l’abondance de demain est un jeu insensé dans le contexte où surviendront inévitablement des périodes de pénurie. Avec une telle philosophie, même en bénéficiant de la générosité des fourmis, ça ne peut jamais bien finir pour les cigales.
Nous devons apprendre à nos enfants à être – comme la fourmi – prêts à travailler et à partager. La charité est bonne, mais elle ne doit jamais encourager la paresse. La responsabilité personnelle et l’indépendance sont toujours la meilleure option. Tournez-vous vers l’avenir et dites : « Si je cessais aujourd’hui de recevoir mon chèque de paye, combien de temps pourrais-je survivre avant que ma dette ne m’engloutisse? C’est un bon test pour voir si vous êtes une fourmi ou une cigale.
Quand je lis l’histoire des Trois boucs bourrus à mes enfants, je compare les boucs au troll pour voir s’il y a une différence entre les trolls voraces qui mangent les passants et les chèvres qui sont prêtes à dire à quelqu’un de manger leur frère à leur place parce qu’il est plus savoureux et qui, pour finir, tuent les trolls car elles les jugent moins méritants et veulent avoir accès à l’herbe verte qui pousse de l’autre côté de la rivière.
La morale en littérature doit être scrutée et discutée avec nos enfants. Ces derniers lisent et pensent que toute page écrite est comme une parole de l’évangile, mais toutes les histoires ne sont pas vraies et n’ont pas toutes une fin heureuse, quelle que soit la façon dont l’écrivain les façonne.
La morale traditionnelle passe à la trappe, ainsi que notre compréhension des symboles et du patriotisme. Nos enfants comprennent-ils la signification du drapeau et à quel point notre liberté est précieuse? L’histoire, comme nos contes de fées, est façonnée et modifiée pour s’adapter à la langue vernaculaire moderne. Les parents doivent s’assurer que leurs enfants apprennent la vérité sur leurs ancêtres, les valeurs sur lesquelles notre pays a été fondé et le rôle unique de nos enfants dans la préservation de la liberté pour les générations futures.
Apprenez à vos enfants que ce sont les fourmis qui maintiennent ce pays en vie. Ces ardentes travailleuses sont l’épine dorsale de notre économie. Les cigales, quant à elles, profitent néanmoins de l’abondance, mais elles seront toujours bénéficiaires de l’assistance et de la charité des autres, non des êtres dignes d’honneur et de louanges. Les fourmis construisent pour l’avenir et s’assurent que les réserves sont rassemblées en sûreté avant l’arrivée des grands froids de l’hiver.
Bien sûr, certaines cigales, pour des raisons indépendantes de leur volonté, se retrouvent vraiment dans le besoin et il est primordial de les aider. Toutefois, les cigales, qui négligent trop souvent de préparer l’avenir et de tirer des leçons du passé, chantent, dansent et jouent toute la journée jusqu’à ce que le souffle de la première tempête hivernale les frappe au visage. Elles deviendront à terme un trop grand fardeau pour les fourmis et tout le monde aura froid et faim quand l’hiver surviendra.
Les enfants ne suivent pas toujours l’enseignement de leurs parents. Parfois, ils suivent leurs amis comme des moutons, quitte à frapper un mur. Mais, si nous sommes vigilants en tant que parents, nos enfants comprendront un jour que la meilleure voie à suivre, c’est celle d’une société caractérisée par une fibre morale qui embrasse des principes éprouvés d’autonomie, d’ingéniosité et d’indépendance, même s’ils doivent l’apprendre à la dure!
Yevet Crandell Tenney est une éditorialiste chrétienne qui aime les valeurs et les traditions américaines. Elle écrit sur la foi, la famille et la liberté.