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Tenney yevet
Yevet Crandell Tenney is a Christian columnist who loves American values and traditions. She writ...

Ces derniers temps, j’ai passé plusieurs jours à écrire mes mémoires et à trier mes souvenirs en me berçant dans la proverbiale chaise de ma grand-mère. J’apprends sans cesse de nouvelles choses sur la vie.

Un jour, j’ai entendu un dicton qui me hante encore aujourd’hui : « Si vous ne planifiez pas, vous planifiez d’échouer. » J’ajouterais : « Si vous élaborez un plan et ne le mettez pas à exécution, vous vivez dans un monde imaginaire où tout peut arriver – mais où rien d’important n’arrive jamais. »

« Le temps s’envole sur les ailes de l’éclair; nous ne pouvons pas le ramener. » Ce sont là les paroles traduites d’un vieil hymne qui résonnent pour moi avec un certain pathos. Je travaille toujours sur ce qui est arrivé en 2020 alors que le monde s’apprête à bientôt faire son entrée en 2025. Où le temps est-il passé?

Le bébé que j’ai élevé depuis l’âge de 9 mois a maintenant 33 ans et a ses propres enfants qui sont presque des adolescents. Son fils lui ressemble et j’oublie presque qu’il n’est pas mon petit garçon d’il y a si longtemps. Les derniers de mes enfants adoptés sont mariés ou partent vivre leurs propres aventures; quant à mes petits-enfants et arrière-petits-enfants, leur nombre grandit chaque année. Je me plains souvent : « Qui a accéléré le temps? Je ne me sens pas plus vieille, sauf lorsque je me regarde dans le miroir et que je vois ma mère – et maintenant ma grand-mère – me regarder.

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À la suite du décès de mon mari en décembre de l’an passé, je me suis retrouvée face à un triste questionnement : « Combien de temps me reste-t-il? » Mon mari et moi nous sommes fait ravir 20 ans. Comme ses parents et ses grands-parents ont eu une longue vie, nous avions naturellement prévu de vivre ensemble plus longtemps. Mais, la vie et la mort n’attendent personne…

Faire une introspection en fin de vie, ce n’est pas comme se rendre à une évaluation de fin d’année où l’on fait le point sur les acquis et sur ce qui reste à acquérir. À la fin de l’année, vous avez le temps de recommencer et de faire un meilleur travail. Mais à la fin de votre vie? Non, là, c’est bien différent! Il est alors question de faire le bilan des bons et moins bons coups ainsi que de la façon dont vous avez utilisé votre temps pour chacune de ces deux catégories. La question pour moi n’est pas de savoir si j’ai réussi, mais bien de savoir si j’ai laissé quelque chose de valeur dans le coffre au trésor de ma vie. Mon héritage aura-t-il fait une différence durable dans la vie de ma famille et dans celle du monde qui m’entoure? Quand le dernier jour arrive, c’est terminé. Aucune chance de tout recommencer. Aucune chance de faire amende honorable ou de rebrasser les cartes pour une autre partie. C’est fini. C’est l’heure du dernier acte, de la tombée du rideau…

Maintenant, c’est assise sur la chaise berçante de ma grand-mère qui grince à chaque mouvement que je me pose les questions suivantes : « Quelles contributions puis-je apporter qui dureront au-delà de mon décès? Que pourrai-je faire dans les années à venir pour faire une différence pour ma famille lorsque les temps seront difficiles?

Le temps est la clé qui révèle les secrets du futur. On dit que nous consacrons du temps à ce qui nous tient à cœur. Pour l’essentiel, il s’agit là d’un mensonge flagrant! Nous passons du temps sur ce à quoi nous nous permettons de penser. Nous apprécions peut-être le temps passé avec notre famille, mais nous ne prenons pas le temps de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour montrer à nos proches qu’ils sont une priorité; nous passons plutôt notre temps à n’emprunter que le chemin de la facilité. Nous regardons la télévision parce que nous n’avons rien prévu de mieux à faire. Nous parcourons sans réfléchir les chaînes pour voir ce qui s’y passe. Nous sommes habituellement dégoûtés par les nouvelles et nous nous exprimons avec colère au sujet des politiciens et des évènements mondiaux. Nous pontifions sur la manière dont nous dirigerions les choses si nous étions au gouvernement, mais les solutions sont faciles à trouver bien assis dans notre fauteuil. Nous valorisons peut-être notre famille, mais nous passons notre temps à faire ce qui nous convient parce que nous ne parvenons pas à planifier.

Nous ne choisissons peut-être pas de regarder la télévision, mais nous sommes collés à Facebook. Nous avons un million d’amis, mais nous ne les connaissons jamais vraiment en personne. Nous apprenons à ne connaître que le visage qu’ils dépeignent et ils apprennent à connaître celui que nous choisissons d’exposer de nous-mêmes. Nous passons des heures à cliquer sur « J’aime » sous les publications quotidiennes des autres et à partager ici et là notre opinion, mais nous ne parvenons jamais à publier des messages honnêtes et significatifs à propos de notre propre vie. Nous regardons des vidéos YouTube pour rire ou être dégoûtés, mais nous ne réalisons jamais notre propre vidéo. Bien sûr, nous prévoyons le faire un de ces jours. Nous prévoyons faire quelque chose de grand un jour, mais il y a une grande différence entre le plan initial et ce qui est à bâtir dans les faits. C’est ni plus ni moins la différence entre la fiction et la réalité.

Les souvenirs, comme les monuments, doivent être planifiés et façonnés avec précision. Si nous voulons avoir des souvenirs mémorables dans le futur, nous devons planifier de vivre de grands évènements aujourd’hui. Que sont les grands évènements? Ils sont tout ce que vous voulez qu’ils soient! De quoi voulez-vous vous souvenir quand vous vous assoyez devant les braises du foyer sur la chaise de vos grands-parents? Que voulez-vous revoir dans votre esprit de la trame de votre vie? Est-ce le moment où vous avez cliqué le millionième « J’aime » sur votre Facebook ou est-ce plutôt lorsque vous vous êtes blotti contre votre enfant devant un livre d’histoires ou avez fait une randonnée en pleine nature avec votre ado? Est-ce la fois où vous avez vu votre acteur préféré détruire une ville dans son dernier film ou est-ce plutôt quand vous avez vu le sourire de votre partenaire quand vous avez fait la vaisselle ou lui avez apporté des fleurs? S’agira-t-il d’un dîner aux chandelles ou d’une pizza devant la télévision? Est-ce que ça sera lorsque vous étiez la vedette du baseball au secondaire ou lorsque vous avez appris à votre enfant à lancer et qu’il est devenu, lui, la vedette? Laquelle option entre un message texte et une rencontre en personne vous procurera le plus de joie? C’est ce qu’il y a de merveilleux dans les choix : vous pouvez choisir!

Assise sur la chaise de grand-mère, il me reste du temps. Mais, qui sait combien de temps? Personne. Je fais le point sur mes souvenirs. Il y a eu d’extraordinaires souvenirs qui me coupent le souffle. Chose intéressante : aucun de mes glorieux souvenirs ne s’est passé devant la télé, l’ordinateur ou un téléphone intelligent. Mes meilleurs souvenirs ont été en compagnie des gens que j’aime. Mes souvenirs d’enfance incluent des voyages en camping, des projets de ramassage du bois, le désherbage du jardin avec ma mère, ma randonnée dans le Grand Canyon ou ma descente du fleuve Colorado avec mes amis. Mes souvenirs incluent nécessairement des échanges en personnes avec mes amis et les membres de ma famille. Je suis tellement heureuse de ne pas avoir eu d’appareil technologique pour faire obstacle à ces moments, car ce sont eux qui ont changé ma vie et souvent celle de ceux que j’aimais.

Puis, il y a eu les voyages que j’ai faits dans l’esprit des grands écrivains. Les livres qu’ils ont écrits ont fait une telle différence dans les choix que j’ai faits dans ma vie. J’ai systématiquement choisi la littérature qui pouvait construire et enrichir mon esprit. Les Écritures ont toujours occupé une place importante dans mon menu de lecture.

Bien sûr, trop de mes choix ont été consacrés à emprunter le chemin de la facilité. Je n’ai pas toujours planifié et j’en garde des regrets. C’est de cette façon que j’ai appris que si vous ne planifiez pas, vous planifiez d’échouer. La tragédie est que vous ne réalisez peut-être votre échec que des années plus tard. Vous vous bercerez peut-être dans le fauteuil de vos grands-parents, triant vos souvenirs, avant de vous rendre compte qu’envoyer des textos à table, regarder les derniers films et manger une pizza devant la télévision avec vos enfants n’était vraiment pas le chemin vers le vrai bonheur. Vous souhaiterez peut-être même avoir passé quelques jours de plus à marcher en forêt à écouter les paroles sincères de vos enfants et de votre conjoint. Vous réaliserez peut-être trop tard que le bonheur véritable et durable est un voyage visant à rendre quelqu’un d’autre heureux et non un désir d’accumuler plus de jouets.

Passez du temps à planifier les souvenirs que vous souhaitez avoir. Vous serez surpris du nombre d’entre eux qui se réaliseront! Bien sûr, vous devez pour cela mettre en œuvre un plan; sinon, vous n’aurez plus tard que le souvenir d’une idée que vous aurez imaginé mais qui sera demeurée en attente de se réaliser.

Yevet Crandell Tenney est une éditorialiste chrétienne qui aime les valeurs et les traditions américaines. Elle écrit sur la foi, la famille et la liberté.