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Morris logan
Amino Acid Product Manager / Perdue Animal Nutrition

C’est une période passionnante dans le monde de la nutrition laitière avec la récente mise à jour des besoins nutritionnels des bovins laitiers par les National Academies of Science, Engineering and Medicine (NASEM, 2021).

En ce qui concerne la nutrition protéique, NASEM (2021) a introduit de nombreuses mises à jour. Nous nous intéressons à présent à plusieurs acides aminés essentiels (au-delà de la méthionine et la lysine) et soulignons que les vaches ont une certaine flexibilité dans le métabolisme des acides aminés, et non pas des besoins stricts en acides aminés.

Cette flexibilité métabolique comprend la capacité des vaches à adapter le métabolisme des acides aminés à l’alimentation. En comprenant la flexibilité métabolique d’une vache, nous pouvons développer des stratégies d’alimentation en acides aminés ciblées.

Qu’est-ce que la flexibilité métabolique d’une vache et comment la décrire? Lorsqu’un acide aminé est absorbé par le tube digestif d’une vache, cet acide aminé a l’un des trois destins suivants (Figure 1).

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  1. Protéines du lait, gestation ou croissance
  2. Fonctions d’entretien essentielles telles que la sécrétion d’urine, de fèces (enzymes digestives, cellules intestinales) et de squames (peau et poils).
  3. Métabolisé et converti en acides aminés non essentiels ou en énergie
Le premier destin génère des revenus dans notre ferme, et nous voulons donc le maximiser. Bien que le deuxième destin ne génère pas de revenus, il est nécessaire pour maintenir les vaches en vie et en bonne santé. Le dernier destin est quant à lui une utilisation non productive des acides aminés que nous voulons minimiser pour des raisons économiques et environnementales. 

Alors que le destin d’entretien des acides aminés est essentiellement fixe et dépend du poids corporel et de l’apport en matière sèche (MS), le destin laitier ou métabolique est dynamique. C’est l’une des façons dont une vache démontre sa flexibilité métabolique.

Si la disponibilité d’un acide aminé particulier est faible par rapport aux besoins productifs, le métabolisme diminuera et l’efficacité d’utilisation de cet acide aminé pour le lait et l’entretien sera élevée. Si l’apport d’un acide aminé donné est élevé par rapport aux besoins productifs, la vache métabolisera une plus grande proportion de cet acide aminé et aura une faible efficacité. En d’autres termes, un apport excessif d’un acide aminé donné par rapport aux besoins productifs entraînera la combustion de cet acide aminé et une faible efficacité.

Comment utiliser l’efficacité en acides aminés en pratique? En se basant sur l’apport en acides aminés métabolisables, le rendement en protéines de lait et l’utilisation pour l’entretien (en fonction du poids corporel et de l’apport en MS), on peut calculer l’efficacité en acides aminés. Il s’agit simplement des besoins en protéines de lait et en acides aminés d’entretien, divisés par l’offre métabolisable. Si cette valeur d’efficacité calculée est élevée, il est fort probable qu’une augmentation de l’apport de l’acide aminé en question permette d’augmenter le rendement en protéines du lait. Si cette valeur est faible, il est peu probable que les vaches augmentent leur rendement en protéines de lait en réponse à une augmentation de l’apport de cet acide aminé. En fait, il serait préférable de donner moins de cet acide aminé si l’efficacité est faible.

Ces valeurs sont comparables à celles d’un quart-arrière de football universitaire. À la fin du quatrième quart, et si le match est en jeu, voulez-vous un quart-arrière qui a une cote d’efficacité de passe élevée ou faible? Dans ce cas, plus c’est élevé, mieux c’est. Tout comme les quarts-arrière, l’acide aminé dont l’efficacité observée est élevée est celui dans lequel vous voulez investir de l’argent (augmenter l’offre) pour vous donner les meilleures chances d’obtenir un retour positif (protéine de lait ou un touchdown).

Qu’est-ce qu’une valeur élevée ou faible d’efficacité des acides aminés? Bien que cette question semble relativement simple, ce n’est pas le cas. NASEM (2021) fournit des valeurs cibles d’efficacité pour neuf acides aminés essentiels. Les valeurs cibles ainsi que les efficacités moyennes, minimales et maximales estimées pour cinq acides aminés clés sont listées dans le Tableau 1. Ces valeurs constituent une référence qu’un nutritionniste peut utiliser pour déterminer si l’efficacité d’un acide aminé est élevée ou faible et donc s’il faut augmenter, diminuer ou maintenir l’apport d’un acide aminé donné.

D’après les données de la recherche, l’efficacité des acides aminés varie d’environ 30 % à plus de 100 %. Cependant, la question de savoir où l’on devrait se situer exactement dans cette fourchette d’efficacité est autant une question économique qu’une question de nutrition. L’efficacité idéale des acides aminés dépend du prix d’un acide aminé donné, des objectifs de la ferme, du groupe de vaches et de la valeur de la protéine du lait. Si le prix de la protéine laitière est élevé et que le coût d’un acide aminé est faible, l’efficacité idéale peut être inférieure aux valeurs cibles de la NASEM, car une offre plus importante se traduira probablement par une plus grande quantité de protéine laitière. L’inverse est vrai lorsque le prix de la protéine laitière est bas et que le coût d’un acide aminé est élevé.

De plus, le coût de l’augmentation de l’apport de certains acides aminés est relativement peu élevé en raison de leur concentration dans les aliments (protéine de maïs pour la leucine et protéine de soya pour l’isoleucine), alors que d’autres acides aminés peuvent être plus coûteux (méthionine synthétique et lysine sous forme protégée dans le rumen). Ces derniers ont certainement leur place dans les régimes des fermes laitières, mais il faut tenir compte des aspects économiques pour garantir un rendement positif.

Les acides aminés ont probablement aussi un effet positif sur d’autres résultats que la synthèse des protéines du lait. Des recherches universitaires récentes ont démontré que les acides aminés peuvent stimuler la synthèse de la matière grasse du lait. Dans le modèle NASEM, deux acides aminés font partie de l’équation de réponse à la prédiction de la matière grasse du lait, ce qui illustre le lien entre les acides aminés et la production de matière grasse du lait. Outre la synthèse de la matière grasse, l’apport d’acides aminés peut également améliorer la santé, la reproduction et le développement du fœtus.

Cependant, ces facteurs ne sont pas pris en compte dans NASEM ou d’autres modèles nutritionnels lorsqu’il s’agit de déterminer l’apport idéal en acides aminés. À ce jour, les réponses ne sont pas bien définies, et le retour pour les facteurs non laitiers peut être difficile à déterminer. Des travaux supplémentaires sont certainement nécessaires dans ce domaine.

Les vaches ont une flexibilité métabolique qui leur permet de s’adapter à une large gamme d’apports et de combinaisons d’acides aminés. La nouvelle publication de NASEM met en évidence cette flexibilité métabolique et fournit des outils supplémentaires qui peuvent être utilisés pour déterminer s’il faut augmenter ou diminuer l’apport d’un acide aminé individuel.

Si l’efficacité d’utilisation pour le lait et l’entretien est élevée, il est possible d’augmenter l’apport pour accroître le rendement en protéines du lait. Si l’efficacité est faible, le rendement en protéines du lait est probablement maximisé et il est possible de diminuer l’approvisionnement et le coût de la ration. L’efficacité idéale devrait maximiser le revenu par rapport au coût de l’alimentation et dépend donc du prix de l’acide aminé donné et de la valeur de la protéine du lait.