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Brisson vicki
Ruminant Technical Service Manager / Jefo Nutrition Inc.
Asselstine victoria
Ruminant Technical Service Consultant / Jefo Nutrition Inc.

La gestion de l’alimentation est souvent un sujet fâcheux lorsqu’il s’agit d’examiner les coûts d’exploitation d’une ferme laitière. Et pourtant, que se passerait-il si les retours sur ces coûts pouvaient être améliorés en abordant certaines des solutions les plus évidentes, mais souvent négligées?

Il est essentiel de réduire les variations lorsqu’il s’agit de ce qui représente, en moyenne, 45 % des coûts d’exploitation et une source majeure de stress pour les animaux et pour les employés. Les variations les plus fréquentes lorsqu’il s’agit d’alimentation des vaches laitières, en particulier dans les ensilages, se trouvent au silo-couloir, au mélangeur RTM et dans le système digestif de la vache.

Le silo-couloir

La gestion de la face de l’ensilage et les taux de distribution, la qualité de scellage et la densité de tassement sont tous des aspects de la gestion du silo qui, s’ils sont effectués correctement, peuvent minimiser le gaspillage de l’aliment et maximiser votre investissement. L’objectif est donc de réduire l’infiltration d’oxygène, tant lors du tassement qu’à la distribution, afin d’éviter la détérioration des aliments.

Lorsque vous envisagez de construire de nouveaux silos, pensez à choisir le revêtement de sol et la taille appropriés. Un sol lisse, de préférence en béton ou en asphalte, est crucial pour éviter la contamination des aliments et la présence de roches qui peuvent endommager l’équipement et se retrouver dans la ration des vaches. Une pente de plancher de 2 % à 5 % permet également un drainage adéquat, loin du site plutôt que vers le silo, afin de maintenir la propreté et de réduire la pollution éventuelle.

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Ensuite, les dimensions appropriées des silos sont essentielles à la sécurité, au coût et à la gestion. La hauteur maximale doit être accessible en toute sécurité par l’équipement de dégagement. La largeur minimale de votre silo doit être celle de deux remorques de tassage, tout en garantissant que le retrait quotidien de centimètres d’ensilage soit atteint pour limiter l’infiltration d’oxygène. L’implémentation de ces dimensions vous aidera à maintenir correctement un taux de distribution de l’aliment.

Lors du remplissage du silo, une grande attention doit être accordée au tassage et à la couverture pour éviter l’infiltration d’oxygène par le haut et les côtés du tas d’ensilage. Le plastique et les pellicules barrières limitant l’oxygène sont un excellent moyen de couvrir l’ensilage, ainsi que de pneus ou de sacs de sable placés côte à côte pour maintenir la barrière en place. Lors de la distribution de l’aliment, il convient non seulement de s’assurer qu’une quantité adéquate d’ensilage est retirée quotidiennement, mais aussi de ne pas laisser de résidus au fond du silo, car ils se détérioreront rapidement. Selon la quantité d’aliments détériorés, une réduction de 13 % de l’ingestion et de 17 % de la digestibilité de la nourriture peut se produire.

Grâce à toutes ces considérations, il est possible d’éviter 30 % à 40 % des pertes de matière sèche couramment observées avec des silos mal gérés.

Le mélangeur RTM

Après avoir collecté les ensilages dans les silos-couloirs, il est essentiel de préparer correctement la ration totale mélangée (RTM), en veillant à ce que la longueur des particules des ingrédients soit appropriée. Les vaches ont besoin des fibres et de fourrage pour stimuler l’activité de mastication et la production de salive, qui sont nécessaires pour maintenir un pH ruminal adéquat et un rumen sain. Si les particules de la RTM sont trop longues, les vaches pourront la trier, laissant de côté les éléments plus gros et modifiant la dégradation ruminale.

Il est important d’éviter le tri, car cela entraîne une consommation déséquilibrée; par conséquent, les vaches sont plus susceptibles de souffrir de troubles digestifs, y compris l’acidose, affectant les performances productives et impactant la rentabilité de l’exploitation. Bien que les différents stades de production aient des besoins nutritionnels différents, une bonne RTM devrait toujours avoir des caractéristiques chimiques et physiques uniformes.

Le suivi du processus de préparation de la RTM permet d’identifier les facteurs susceptibles d’affecter les caractéristiques de la RTM et de faciliter le processus d’alimentation. La meilleure façon d’assurer que vos vaches tirent le meilleur parti de leur alimentation est d’évaluer visuellement la mangeoire tout au long de la journée : un bon équilibre de tous les composants de la RTM est-il toujours disponible ou certains des ingrédients ont-ils été triés?

En fin de compte, les caractéristiques physiques de la ration sont cruciales pour augmenter l’ingestion de matière sèche par la vache et soutenir ses besoins énergétiques pour supporter le niveau de production de lait souhaité. Lorsque les particules de fourrage sont trop longues, elles créent une distension supplémentaire. Cela réduit l’ingestion par la vache, car des signaux provenant des récepteurs de tension dans tout le système gastro-intestinal sont générés et transmis aux centres d’alimentation du cerveau. S’assurer que les vaches ont une alimentation équilibrée est essentiel à la santé du rumen et à la production de lait.

Le système digestif de la vache

Après avoir consommé l’aliment, c’est dans le rumen que la magie opère! La vache fermente la matière organique de la ration qu’elle a mangée pour produire des acides gras volatils (AGV) et d’autres substrats nécessaires à la production de lait. La fibre est l’un des principaux composants nutritionnels de l’alimentation d’une vache laitière, avec l’amidon et les lipides, pour influencer la fermentation ruminale. C’est à la fois la composition chimique de la fibre et la longueur des particules, appelées fibres au détergent neutre physiquement efficace (peNDF), qui contribuent à la rumination, à la salivation et à la formation du tapis ruminal.

Le microbiome ruminal est composé de bactéries, de champignons et de protozoaires, et leurs fonctions synergiques leur permettent de fermenter, de digérer et de dégrader correctement les ingrédients. Cependant, lorsque les caractéristiques de l’aliment changent, cela impacte également la capacité de la communauté microbienne à coloniser et à dégrader les fibres, entraînant une diminution de la digestibilité des fibres.

Au-delà du rumen, une fois que le digestat atteint l’intestin grêle, c’est là que la plupart des nutriments restants (protéines, graisses, vitamines et minéraux) seront absorbés et utilisés par la vache. Ces nutriments soutiennent les processus métaboliques de l’animal nécessaires à la production de lait, à l’immunité et à la reproduction.

Conclusion

Finalement, la différence entre ce qui reste dans le fumier et ce qui a été initialement donné dans la RTM est l’un des moyens de déterminer la quantité de ration mélangée que la vache a digérée et absorbée. Cela peut se faire par observation et tamisage du fumier, mais pour des évaluations approfondies, des analyses chimiques peuvent être nécessaires. Pour augmenter le profit généré par les investissements dans les aliments, il est essentiel qu’ils soient bien entreposés et conservés afin que les vaches puissent manger et digérer la ration qu’elles reçoivent le plus efficacement possible.

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Les éléments à prendre en compte lors de l’évaluation de la préparation de la RTM :

  1. Ordre de chargement des ingrédients
  2. Calibration de la balance
  3. Vitesse et temps de mélange
  4. Distribution de la ration
  5. Fréquence d’alimentation et de repoussage