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Vermeire drew
Nutritionist / Nouriche Nutrition Ltd.

Seriez-vous surpris d’apprendre qu’une différence majeure entre la réussite et l’échec de l’élevage des veaux réside dans l’attitude des personnes qui en prennent soin? La perception que nous avons des veaux et de notre temps est essentielle au succès de l’exploitation, car elle a un impact sur la performance des veaux.

Prendre soin des veaux est le plus important

L’un de mes brillants clients a causé un choc à tous ses travailleurs lorsqu’il leur a annoncé qu’ils étaient tous renvoyés. Il a continué la réunion en expliquant qu’il avait toutefois plusieurs postes de « soigneurs de veaux » à combler et qu’ils étaient tout qualifiés pour déposer leurs candidatures. Son objectif était de concentrer les efforts de ses travailleurs sur les soins portés aux veaux. Ils devaient se considérer comme des soigneurs plutôt que comme des travailleurs, des responsables de l’alimentation, de la santé, etc. Cet exercice dramatique a semblé améliorer l’attitude des travailleurs, qui ont tourné leur attention sur les soins à donner aux veaux.

Une manipulation délicate améliore la performance des veaux

Au début des années 2000, plusieurs projets de recherche français ont examiné les différences entre des éleveurs de veaux performants et ceux qui réussissaient moins bien. Ils ont permis de souligner que la productivité et la mortalité étaient surtout liées au comportement et à l’attitude de l’agriculteur. Une manipulation délicate et des contacts quotidiens empreints de douceur étaient importants pour enseigner aux veaux à répondre positivement aux contacts humains. Les routines de gestion quotidiennes et l’attitude de l’éleveur étaient les principales différences observées entre les producteurs qui réussissaient bien et ceux qui éprouvaient des difficultés. Ces recherches ont démontré qu’une attitude bienveillante envers les veaux, une manipulation délicate et des contacts humains plus fréquents affectaient la réactivité des veaux, la facilité de manipulation et le transport, ainsi que le taux de croissance et la qualité de la viande. Autrement dit, une attitude bienveillante et une manipulation délicate avaient un impact positif sur les variables de production les plus importantes au niveau économique et sont essentielles à la réussite.

Différence surprenante entre les fermes sans mortalité et celles avec un taux de mortalité élevé

Grâce à leur système national de déclaration sur les animaux, des chercheurs danois ont identifié 15 fermes laitières sans aucune mortalité chez les veaux et les ont comparées à 13 fermes laitières affichant un taux de mortalité élevé (plus de 17 %). Étonnamment, la différence principale ne se situait pas parmi les suspects habituels que sont le lait de remplacement, l’administration de colostrum, le programme de vaccination, la génétique ou la taille de la ferme. En fait, la différence n’était pas liée à ce qu’on considère des « procédures normalisées d'opération ». La principale différence entre les fermes affichant un taux de mortalité de 0 % et celles avec un taux de mortalité supérieur à 17 % se résumait à l’attitude des personnes responsables de la gestion des veaux. Dans les fermes sans mortalité, un ensemble de tâches routinières strictes était effectué chaque jour. Elles adhéraient également à un concept, appelé « temps flexible » par les chercheurs, où les autres tâches requises étaient effectuées après les tâches de routine.

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S'occuper des affaires importantes

Dans les fermes sans mortalité, les responsables des veaux effectuent un ensemble de tâches routinières très strictes chaque jour, qui comprennent les éléments suivants :

1. Nourrir les veaux tous les jours au même moment.

2. Mélanger le lait de remplacement pendant la durée et à la température prescrites.

3. Administrer le lait de remplacement à la température prescrite.

4. Suivre la même routine de surveillance des veaux avant chaque repas.

Ils ont également d’autres tâches plus flexibles, basées sur leur jugement, comme la quantité de temps et d’attention consacrés chaque jour à chaque veau.

Temps flexible : crise temporaire versus permanente

Le deuxième élément de différence est lié au concept de temps flexible. Bien que nous ayons tous 24 heures dans notre journée, l’attitude des bons et des mauvais gestionnaires envers le temps est très différente. Dans les fermes sans mortalité, chaque journée comporte une période de temps flexible, qui peut être consacrée à la gestion de situations imprévues, considérées comme des crises temporaires. À l’opposé, dans les fermes affichant un taux de mortalité élevé, les situations de crise sont considérées comme un état permanent et le concept de temps flexible est absent. Par conséquent, les gestionnaires des fermes sans mortalité se sentent toujours en contrôle de leur temps (crise temporaire). Quant aux gestionnaires des fermes avec des taux de mortalité élevés, ils semblent toujours « à la course » et n’ont jamais de contrôle sur leur temps (crise permanente).

Prévenir les problèmes

La recherche et l’expérience montrent que la performance des veaux est meilleure et les exploitations plus prospères lorsque les personnes qui s’occupent des veaux se préoccupent réellement de leur santé et les manipulent avec soin. Certains travailleurs sont brusques avec les veaux et s’attendent à ce qu’ils se comportent calmement alors qu’ils ont été conditionnés autrement. Les travailleurs brusques sont plus adaptés à des tâches qui n’impliquent pas la manipulation du bétail.

Pour obtenir du succès, commencez par créer et mettre en œuvre un horaire quotidien fixe avec des protocoles écrits pour la préparation et l’administration du lait de remplacement. Donnez les repas à la même heure, tous les jours. Mélangez le lait de la même façon, pendant la même durée et à la même température pour chaque repas. Des protocoles écrits devraient également être développés pour l’alimentation et la manipulation des veaux. Enfin, prévoyez deux à trois heures de temps flexible après les repas pour résoudre les problèmes au moment où ils surviennent. Étonnamment, ces pratiques simples expliquent la différence entre la réussite et l’échec.  

Les références ont été omises, mais sont disponibles sur demande.