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La cryptosporidiose est une affection parasitaire des veaux causée par le protozoaire Cryptosporidium parvum. Il est très commun en élevage bovin. Au moins un veau positif à cryptosporidium a été trouvé dans 77 % et 89 % de fermes échantillonnées lors d’études menées respectivement en Ontario et au Québec. Plus récemment, aux États-Unis, ce sont 94 % des fermes sondées qui ont été trouvées positives.
Un agent de diarrhée, prévalent et transmissible à l’humain
Cryptosporidium parvum est reconnu comme l’agent étiologique le plus souvent isolé, seul ou en co-infection, dans les cas de de diarrhée chez les veaux de moins d’un mois d’âge. Bien que la crypto se manifeste bien souvent par une diarrhée accompagnée de morbidité parfois élevée, ses manifestations cliniques peuvent parfois être plus subtiles. Certains veaux affectés peuvent présenter un simple retard de croissance ou même être asymptomatiques.
Et parce qu’au moment de contrôler la condition, le focus est principalement mis sur les veaux, on perd parfois de vue que le cryptosporidium est aussi un agent de zoonose et de santé publique important. Le parasite peut causer des problèmes entériques chez l’humain. En Amérique du Nord, entre 2009 à 2017, le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) a répertorié près de 444 épidémies menant à près de 7 500 cas chez l’humain. Le contact avec le bétail a été identifié comme étant responsable de l’infection dans un peu plus de 14 % des épisodes, mais c’est l'exposition à de l'eau contaminée (p. ex. celle des piscines publiques) qui a été identifiée comme la plus grande source d’infection.
Transmission entre hôtes
Un des atouts du parasite est son cycle de vie rapide et direct. L’infection apparaît lorsque des oocystes, c.-à-d. les œufs encapsulés du protozoaire, présents dans l’environnement sont ingérés par un hôte susceptible.
Une fois ingérés, les oocystes s’ouvrent dans le tractus intestinal, libérant quatre parasites infectieux appelés sporozoïtes. Ces sporozoïtes pénètrent la muqueuse de l’intestin grêle, où ils se développent. À cette étape, les parasites subissent au moins deux stades de reproduction asexuée et un stade de reproduction sexuée qui mèneront à la formation de nouveaux oocystes. Ceux-ci mûrissent sur la paroi intestinale pour finalement être excrétés dans les fèces. Ils sont alors infectieux. Ce cycle de multiplication explosif et rapide est complété en trois à quatre jours et l’excrétion d’oocystes peut persister jusqu’à deux semaines. Un seul veau infecté peut excréter jusqu’à 10 milliards d’oocystes par jour, une véritable usine à cryptosporidium. Et, comble de malchance, une très faible dose d’oocystes peut infecter un hôte susceptible, humain comme animal. En contexte expérimental, des signes cliniques ont pu être observés chez de jeunes veaux après l’ingestion de moins d’une vingtaine d’oocystes.
Un autre atout non négligeable du parasite est sa capacité de survie aux stress environnementaux. En effet, la membrane épaisse des oocystes permet au cryptosporidium de résister à la plupart des désinfectants et aux variations de température. Il a été établi en laboratoire que les oocystes de cryptosporidium survivent dans l'eau froide (4 °C) pendant une période pouvant atteindre 18 mois. Dans l'eau tiède (15 °C), ils demeureraient infectieux pendant sept mois. En règle générale, le temps de survie des oocystes diminue à mesure que la température augmente et ceux-ci apprécient l’humidité et résistent mal à la dessication.
Est-ce qu’on peut s’en sortir?
Bien que cryptosporidium ait suscité un intérêt considérable depuis sa découverte pour la première fois en 1907 dans l’intestin d’une souris, il reste beaucoup de progrès à faire dans la compréhension de la relation entre le parasite et son hôte. Résultat : le remède miracle pour éradiquer complètement la cryptosporidiose n’existe pas encore. Chez les veaux, la prévention de la maladie passe par la mise en plan d’un programme général de contrôle de la diarrhée qui inclut une gestion optimale du colostrum et un bon plan nutritionnel.
Il existe cependant un médicament qui peut soutenir les efforts déployés face à un problème de cryptosporidiose. Le lactate d’halofuginone, un médicament sous prescription vétérinaire, est le seul ingrédient homologué au Canada pour aider à diminuer l’impact de la maladie chez les veaux. Administré par voie orale dès la naissance pendant sept jours, l’halofuginone contribue à diminuer la quantité d’oocystes excrétés par un veau infecté et réduit son risque de diarrhée. Pour maximiser les résultats, il doit être administré en prévention à tous les veaux naissants d’une même cohorte sans exception (rappelez-vous : un seul veau infecté libère des milliards d’oocystes). Et bien que le cryptosporidium soit résistant à la plupart des désinfectants, le retrait de la matière organique avec un bon programme de nettoyage et désinfection se concentrant sur les zones à risques (aire de vêlage, pouponnière) contribue à diminuer la présence des oocystes dans l’environnement direct des veaux.
Le futur de la lutte au cryptosporidium repose sur une meilleure connaissance de la réponse immunitaire face à l’infection afin de connaître le meilleur angle d’attaque du parasite. En attendant, il faut garder à l'esprit les principes de base d'une bonne gestion du colostrum, d'une alimentation optimale et de la propreté pour prévenir les maladies. D’ici là, parlez à votre vétérinaire – il est possible de s’en sortir.
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