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Le traitement de la mammite clinique est l’une des raisons les plus courantes de l’utilisation d’antimicrobiens dans les fermes laitières à l’échelle mondiale. À cet égard, une étude récente menée dans 101 fermes laitières québécoises est venue confirmer cette statistique. En effet, la plus grande quantité d’antimicrobiens utilisés pendant la lactation était administrée par voie intramammaire. Des antimicrobiens de « haute importance » (catégorie II) ou de « très haute importance » (catégorie I) en médecine humaine étaient souvent utilisés pour traiter des cas de mammite clinique, puisque ces produits forment la majorité des produits intramammaires offerts sur le marché.
Étant donné l’importance de réduire la résistance aux antimicrobiens, des mesures doivent être prises pour limiter leur utilisation dans les fermes laitières. Cependant, cela doit se faire sans compromettre la santé ou le bien-être des bovins laitiers. Une méthode prometteuse pour réduire l’utilisation des antimicrobiens consiste à traiter sélectivement les cas de mammite, ce qui signifie traiter seulement certains cas de mammite. Ce processus sélectif utilise des cultures de lait à la ferme ou en clinique pour déterminer si des bactéries sont présentes dans les échantillons de lait des vaches atteintes de mammite. Ensuite, seuls les cas où des bactéries sont présentes sont recommandés pour un traitement par antimicrobiens.
Le groupe de recherche du Dr Herman Barkema de l’Université de Calgary cherche à produire de nouvelles données sur l’utilité du traitement sélectif de la mammite clinique. Un projet, dirigé par l’étudiante au doctorat Ellen de Jong, a exploré si le processus de traitement sélectif basé sur des cultures à la ferme entraînait des conséquences négatives. À l’aide d’une méthodologie rigoureuse et éprouvée d’examen de la recherche existante, l’équipe a évalué 13 études qui comparaient le traitement de tous les cas de mammite clinique au moyen d’antimicrobiens (c.-à-d. un traitement généralisé) au traitement sélectif des cas de mammite clinique avec des antimicrobiens. Certains résultats bactériologiques et propres à la santé ont été évalués. Globalement, l’équipe a observé qu’il n’y avait pas de différence dans la proportion de cas ayant éliminé l’agent pathogène après 21 jours. Toutefois, dans les troupeaux traités sélectivement, il fallait un peu plus de temps (environ une demi-journée) pour que les signes cliniques de mammite disparaissent. Plus de temps était également nécessaire pour que les agents pathogènes causant la mammite soient absents des cultures bactériennes. Cependant, il est important de noter qu’aucune différence n’a été observée quant au risque de nouvelles infections, au comptage de cellules somatiques, à la production de lait, à la récurrence de la mammite clinique ou à la mise à la réforme entre le traitement sélectif et le traitement généralisé.
Qu’est-ce que cela signifie?
Sur la base de toutes les données scientifiques disponibles, il apparaît clair que le traitement sélectif de la mammite clinique peut être adopté avec un minimum de conséquences négatives. En fait, établir une méthode pour prélever des cultures dans les cas de mammite clinique pourrait être extrêmement utile pour orienter le traitement et la prise de décisions.
La première étape consiste à prélever un échantillon de lait du quartier touché et à faire une culture de l’échantillon dans le but d’obtenir les résultats en 24 heures. Si le résultat de la culture n’indique aucune croissance bactérienne, ou si des bactéries à Gram négatif sont présentes dans la culture, aucun traitement par antimicrobien n’est requis, et le lait peut simplement être jeté jusqu’à ce que la situation revienne à la normale. Si des bactéries à Gram positif sont présentes, un antimicrobien peut être administré.
Globalement, on estime que des antimicrobiens seraient bénéfiques dans seulement un tiers des cas de mammite clinique non grave. Par conséquent, vous avez la possibilité de réduire les coûts de traitement, ainsi que l’utilisation d’antimicrobiens, sans compromettre la santé et le bien-être des animaux. Vous pourriez travailler avec le vétérinaire de votre troupeau pour créer un protocole qui fonctionnera pour vous et votre ferme.
Les Producteurs laitiers du Canada (PLC) investissent en recherche scientifique pour favoriser l’innovation dans le secteur laitier canadien. Les PLC soutiennent des initiatives de recherche qui profitent à l’ensemble des producteurs laitiers canadiens et travaillent en collaboration avec leurs membres et autres partenaires du secteur afin d’aborder les priorités établies dans la stratégie nationale de recherche laitière. Les objectifs de cette stratégie visent à accroître l’efficacité et la durabilité des fermes, améliorer les pratiques relatives à la santé, au soin et au bien-être des animaux ainsi qu’à renforcer le rôle des produits laitiers dans la nutrition et la santé humaines et les régimes alimentaires durables. Visitez le producteurslaitiersducanada.ca/fr/recherche-laitiere pour plus d’informations.