Pour lire cet article en anglais, cliquez ici.

Pour lutter contre la résistance aux traitements antimicrobiens couramment utilisés, il est essentiel de réduire leur utilisation chez les humains et les animaux. Nous devons tous travailler ensemble pour relever ce défi, et l’industrie laitière prend des mesures pour faire sa part.

Qu’est-ce que le CaDNetASR?

Le Réseau canadien sur la gestion et la résistance aux antimicrobiens dans l’industrie laitière (CaDNetASR) a été créé pour combler l’importante lacune dans les connaissances sur l’utilisation (UAM) et la résistance (RAM) aux antimicrobiens dans les fermes laitières canadiennes. L’objectif était d’élaborer et de mettre en œuvre un système de surveillance des antimicrobiens qui permettrait de mieux comprendre l’UAM et la RAM et d’en améliorer la gestion.

Entre 2019 et 2022, des données ont été recueillies dans 144 fermes laitières de cinq provinces afin de quantifier l’UAM et de détecter la RAM au niveau des troupeaux. Ce projet réunissait des groupes tels que des chercheurs de six universités canadiennes (Université de l’Île-du-Prince-Édouard, Université de Guelph, Université de la Saskatchewan, Université de Montréal, Université de Calgary et Université Memorial), des épidémiologistes vétérinaires de l’Agence de la santé publique du Canada, des intervenants d’organismes laitiers provinciaux et nationaux, des organisations vétérinaires et des organisations d’amélioration des troupeaux laitiers.

L’utilisation des antimicrobiens dans les fermes laitières du Canada

Pour chaque ferme laitière participante, les chercheurs ont utilisé les contenants de médicaments jetés pour calculer la dose thérapeutique quotidienne (DTQ) de chaque antimicrobien utilisé. Ce calcul a établi une mesure de l’UAM au niveau du troupeau qui a permis une comparaison entre les fermes. La DTQ de chaque ferme participante a été calculée et comparée à celle des autres fermes de l’échantillon afin d’estimer l’utilisation des antimicrobiens. Les médicaments présentant les DTQ les plus élevées étaient les pénicillines, les céphalosporines de 1re génération, les céphalosporines de 3e génération et les tétracyclines. 

Advertisement

En comparant l’UAM dans les différentes fermes de l’étude, les chercheurs ont observé une grande variabilité entre les fermes participantes, ce qui suggère qu’il pourrait être possible de procéder à une réduction stratégique l’UAM dans certaines fermes laitières canadiennes. Les efforts se poursuivront en vue de réduire l’UAM, sans compromettre le bien-être des animaux, et d’améliorer la gestion des antimicrobiens dans les fermes laitières. 

La résistance aux antimicrobiens à la ferme

Les chercheurs ont évalué la RAM à la ferme en analysant des échantillons de fumier et de lait du réservoir à lait recueillis dans des fermes laitières. Puisque le projet CaDNetASR vise à surveiller les pathogènes d’origine alimentaire, l’accent a été mis sur E. coli (souche générique), Campylobacter spp. et Salmonella spp.

La souche générique non pathogène d’E. coli était la bactérie la plus fréquemment décelée dans les fermes (présente dans 96 % des échantillons). De plus, E. coli était souvent résistante à la tétracycline, à la streptomycine et au sulfisoxazole. Campylobacter spp. était moins courante qu’E. coli, mais tout de même largement présente (présente dans 54 % des échantillons). Campylobacter spp. était le plus souvent résistante à la tétracycline, mais aussi à l’acide nalidixique et à la ciprofloxacine. Présente dans environ 7 % des échantillons, Salmonella spp. a montré une résistance à la tétracycline, au sulfisoxazole et à la streptomycine. 

Sur la base des résultats de cette étude : 

  1. Les tétracyclines figuraient parmi les antimicrobiens les plus utilisés au Canada.
  2. E. coli (souche générique), Campylobacter spp. et Salmonella spp. sont couramment présentes dans les fermes laitières canadiennes.
  3. Ces trois bactéries à l’étude présentent une résistance à la tétracycline.

La santé des veaux et l’utilisation d’antimicrobiens

Les veaux sont une cible de choix pour la réduction de l’UAM, car ils sont couramment traités avec des antimicrobiens et ont une proportion plus élevée de bactéries résistantes et multirésistantes que les bovins plus âgés. Dans cette étude, on a observé que 30 % des veaux ont été traités au moins une fois avec un antimicrobien, et la plupart des traitements antimicrobiens ont été administrés pour des maladies respiratoires et des diarrhées. 

Les fermes qui offraient du lait de transition, c’est-à-dire le lait produit entre la deuxième et la sixième traite suivant le vêlage, administraient moins de traitements par antimicrobiens que celles qui n’en offraient pas. Ainsi, offrir du lait de transition pourrait constituer une pratique de gestion susceptible de réduire les maladies et, ultimement, l’utilisation des antimicrobiens. 

Les messages à garder en tête

L’utilisation des antimicrobiens est un enjeu important qui doit être résolu. L’UAM et la RAM ont été étudiées dans des fermes laitières canadiennes, et les travaux dans ces domaines se poursuivront afin de déterminer les meilleures stratégies pour réduire l’UAM. Dans les fermes laitières, l’utilisation des antimicrobiens chez les veaux pourrait faire partie des avenues à explorer pour réduire l’UAM. Travaillez avec votre médecin vétérinaire pour déterminer quelles pratiques de gestion permettraient de limiter les maladies et l’utilisation d’antimicrobiens dans votre ferme. 


Cet article a été rédigé par ACER Consulting, Javier Sanchez, professeur, et Luke Heider, professeur adjoint, Collège Vétérinaire de l'Atlantique, Université de l'Île-du-Prince-Édouard.

Les Producteurs laitiers du Canada (PLC) investissent en recherche scientifique pour favoriser l’innovation dans le secteur laitier canadien. Les PLC soutiennent des initiatives de recherche qui profitent à l’ensemble des producteurs laitiers canadiens et travaillent en collaboration avec leurs membres et autres partenaires du secteur afin d’aborder les priorités établies dans la stratégie nationale de recherche laitière. Les objectifs de cette stratégie visent à accroître l’efficacité et la durabilité des fermes, améliorer les pratiques relatives à la santé, au soin et au bien-être des animaux ainsi qu’à renforcer le rôle des produits laitiers dans la nutrition et la santé humaines et les régimes alimentaires durables. Cliquez ici pour plus d’informations.