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Mcbride matti
Editor / Progressive Dairy

« Changer, c’est facile. Faire une transition, c’est plus difficile! Êtes-vous ouvert à vous entourer des personnes qui ont les meilleures connaissances et à les écouter? », a demandé Nancy Charlton de l’entreprise DeLaval aux auditeurs du panel « Capitalizing on robotics to enhance animal health and reproduction » (Capitaliser sur la robotique pour améliorer la santé et la reproduction des animaux en français) lors de la réunion annuelle 2023 de l’organisation Dairy Cattle Reproduction Council (DCRC).

Nancy Charlton s’est jointe à Dan Meihak et à John Gerbitz, respectivement des entreprises Lely et Cow Corner, et les trois experts ont répondu aux questions du public lors de la conférence de novembre dernier, qui était animée par Matt Utt de l’entreprise Zoetis.

Bien que le panel se soit principalement concentré sur la gestion de la reproduction, un large éventail de sujets ont été abordés à la période de questions, allant des demandes concernant les fermes qui réussissent bien à la préparation nécessaire à l’installation des robots, en passant par le confort des vaches et bien plus encore. Voici un aperçu de la conversation ayant traité de la gestion de la reproduction dans une ferme robotisée.

Quels programmes de reproduction fonctionnent le mieux dans les troupeaux robotisés?

CHARLTON : Je ne demanderais jamais à quelqu’un de laisser tomber un protocole Double Ovsynch ou un protocole Presynch si ces derniers réussissent bien. Je mettrais en garde les gens qui s’en vont vers la robotique et qui se disent : « Je laisse les choses aller et tout va se passer au naturel. » Pour que les choses se passent de façon naturelle, vous êtes mieux de compter sur un programme remarquable de transition au vêlage pour vos vaches. Vous feriez mieux aussi d’obtenir un bon prix pour le lait que vous vendez aux consommateurs, car des connaisseurs dont je respecte l’opinion disent que, sans produits de fertilité, votre taux de gestation atteindra au maximum 20 %.

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Assoyez-vous avec une bonne équipe et posez des questions. Quelles sont vos attentes? À quoi ressemble votre programme de transition? C’est lorsque vous observez une diminution minimale de l’état de chair que le taux de conception est optimal. Vous devez comprendre de quoi vous êtes capable!

GERBITZ : Il n’existe pas de programme universel qui fonctionne dans toutes les situations. Si je travaille avec un producteur qui a mis en place un protocole Double Ovsynch qui donne de très bons résultats, je ne vais pas lui conseiller de changer ce qui fonctionne pour lui. D’autant plus que nous nous dirigeons vers la technologie [robotique], nous devrions changer le moins de choses possible. C’est mon travail de déterminer comment nous allons amener les vaches là où il le faut pour continuer avec ce protocole Double Ovsynch.

MEIHAK : Je travaille avec des producteurs de l’ensemble du secteur. Certains s’occupent de leur gestion reproductive de la même manière peu importe le système utilisé, que celui-ci soit robotisé ou conventionnel. En préparation de cette discussion, j’ai toutefois contacté des personnes qui ont changé leur façon de faire les choses. Un producteur laitier, notamment, utilise un protocole Double Ovsynch dans son étable conventionnelle, alors que dans son étable robotisée, il utilise protocole Ovsynch de façon sélective sur les vaches qui atteignent un certain seuil. Par rapport à l’étable conventionnelle, l’administration de médicaments a été réduite d’environ 75 % dans l’étable robotisée; les taux de gestation, eux, sont demeurés les mêmes.

Un autre producteur à qui j’ai parlé, qui compte sur 30 robots pour son troupeau, a quant à lui réduit de 93 % la quantité de médicaments utilisée tout en ayant vu son taux de gestation diminuer que de deux points, soit de 29 % à 27 %. Je lui ai demandé si ces résultats lui convenaient et il m’a répondu : « J’accepte volontiers de sacrifier ces deux points de pourcentage si cela me permet d’en finir avec 93 % de la consommation de médicaments dans mon troupeau. »

Je pense que tout dépend du potentiel de ces systèmes. Disons que vous avez un troupeau qui réalise en moyenne 2,8 traites par jour. Théoriquement, chaque vache du troupeau est traite toutes les 8,5 heures. Si un triage des vaches est fait en portant une attention aux chaleurs pendant 8,5 heures et que l’éleveur arrive à 8 heures du matin, ces vaches ciblées sont là pour lui. C’est vraiment un design élégant. J’ai beau essayer de relier les points dans mon esprit et de voir ce qui est si compliqué ou si différent à ce sujet, ce n’est vraiment pas le cas!

Quels problèmes et quelles opportunités surviennent avec un programme de reproduction lors du passage d’une étable conventionnelle à une étable robotisée?

CHARLTON : Dans un monde évoluant avec une salle de traite, vous discuterez avec votre nutritionniste de la façon dont vous souhaitez nourrir vos vaches. Et si celles-ci ne sont pas gestantes ou si vous avez des vaches moribondes, vous n’appellerez pas DeLaval parce que les vaches ne mangent pas assez dans la salle de traite. J’imagine que certains parmi vous se questionnent au sujet du taux de conception à la première saillie : tout particulièrement dans un environnement en libre circulation et où sont utilisées des méthodes d’alimentation traditionnelles, nous avons besoin d’un bon apport en nutriments pour les vaches afin de préserver leur état de chair et leur santé. Nous passons beaucoup de temps dans l’étable, alors si les vaches ne maintiennent pas leur état de chair dans un environnement de salle de traite rotative, personne n’appelle DeLaval. Il y a là une influence indirecte.

GERBITZ : Le triage des vaches et leur disponibilité. Comprenant qu’il faut savoir de huit à 12 heures à l’avance quelles vaches nous devons rendre disponibles. Dans un carrousel, je peux consulter le rapport d’un système d’activité pour un groupe de vaches avant que celui-ci ne se dirige vers la salle de traite et je sais à quelle heure ces vaches seront dans la salle de traite. Je peux prendre ma décision à l’intérieur d’environ une heure ou deux à savoir le moment où je veux que cette vache soit disponible. Dans l’étable robotisée – quel que soit le protocole – je dois penser aux vaches dont j’ai besoin entre huit et 12 heures avant de les voir. C’est l’un des défis que je perçois.

MEIHAK : Je pense que les personnes qui ont du mal à gérer la reproduction dans une ferme laitière robotisée essaient de la gérer de la même manière qu’elles le font avec un système conventionnel. Cela signifie qu’ils enferment les vaches, qui passent beaucoup de temps dans l’enclos, ce qui interfère avec un système à circulation libre, guidée ou de type hybride. Si vous interférez avec les vaches, vous créez alors un goulot d’étranglement. Cela crée une perturbation et aura un énorme impact sur les performances globales.

Quelles sont les meilleures technologies qui pourraient être incluses dans un système de traite robotisée afin d’améliorer les performances de reproduction?

CHARLTON : Je souhaiterais qu’un logiciel magique s’affiche sur le moniteur à l’entrée de l’étable et indique : « Voici les vaches que vous devez examiner, les vaches avec lesquelles vous devez faire quelque chose et celles que vous devez vendre maintenant. » Je voudrais un indice qui vous fait vous demander : « Pourquoi cette vache est-elle dans mon troupeau? » L’efficacité est la clé du succès. Nous ne voulons pas que les vaches ayant de bonnes performances reproductives soient tirées vers le bas par d’autres qui ne devraient pas faire partie du troupeau. Comment pouvons-nous utiliser l’information pour réellement influer sur le changement? Une foule de capteurs de toutes sortes nous fournissent des données, mais c’est en recoupant ces dernières et en identifiant les mesures que vous souhaitez examiner quotidiennement que vous pourrez prendre les bonnes décisions et agir en conséquence.

GERBITZ : Je pense que je vais chercher des outils qui aident à préparer les vaches au robot, des outils de formation préalable. Cela est très important pour que, lorsque les vaches entrent dans l’enclos robotisé et se rendent au robot, elles mangent leur moulée, trouvent aisément leur chemin vers la mangeoire et circulent de façon naturelle.

MEIHAK : Les systèmes de surveillance de l’activité et l’ajout de tests de progestérone à ces systèmes. Je pense que cela va entrer en jeu. Je pense également qu’il existe des éléments qui peuvent améliorer le bien-être des vaches du point de vue des caractéristiques génétiques. Nous faisons le suivi des visites au robot pour chaque vache et nous voyons des vaches qui sont de même parité, dans le même enclos, sous le même système de gestion alimentaire, pour lesquelles tout est pareil. Une de ces vaches va régulièrement au robot. L’autre, quant à elle, visite le robot de manière irrégulière. Cela joue sur le rythme circadien et je ne comprends pas trop pourquoi, mais je me le demande. C’est un trait de comportement qui devrait être essentiellement héréditaire. Qu’y a-t-il chez cette vache qui l’empêche de faire des visites régulières au robot, contrairement à sa congénère qui le fait? Je pense que c’est quelque chose qui a vraiment du potentiel. Je pense également que les informations sur le taux de remplissage du pis par rapport à sa capacité pourraient aider à réduire la traite bimodale.

Pour écouter la discussion complète et les séances supplémentaires de la conférence, visitez le site Web du Dairy Cattle Reproduction Council (DCRC) – disponible en anglais seulement.