Pour lire cet article en anglais, cliquez ici.
La plupart des fermes laitières suivent un programme de reproduction régulier avec l’aide d’un vétérinaire. En général, des échographies sont réalisées toutes les deux semaines (ou toutes les semaines pour les plus grands troupeaux) pour détecter les vaches gestantes. Les aspects économiques de cette pratique de longue date sont rarement réévalués. Cependant, avec l’introduction d’options plus accessibles, plus abordables et plus efficaces, il est peut-être temps de remettre en question certaines affirmations communes.
Les aspects économiques de la santé reproductive
Lors de l’examen des différentes options en matière de santé reproductive, il est important de commencer par évaluer les aspects économiques liés à la santé sur votre ferme. La fréquence des médecines préventives est un élément essentiel. En effet, l’objectif principal en santé reproductive est d’identifier les vaches non gestantes.
Le Dr John Fetrow, de l’Université du Minnesota, a mis au point des modèles montrant l’impact de l’augmentation des taux de gestation dans les entreprises laitières. En tenant compte de la production de lait, de la période de tarissement et des naissances, chaque jour supplémentaire non-gestante coûte entre 2,70 $ et 8,00 $. Le coût moyen d’une gestation normale est évalué entre 270 $ et 800 $ , et une augmentation de 1 % du taux de gestation se traduit par des économies de 47 $ à 87 $ par vache et par année. Il est essentiel de réduire le nombre de jours ouverts et de favoriser une reproduction plus rapide des vaches.
Pour estimer la valeur financière de l’identification et de la réinsémination des vaches ouvertes, vous pouvez utiliser les taux de gestation actuels et visés ainsi que les coûts par jour ouvert, qui sont influencés par la fréquence des examens de gestation. Les entreprises qui réalisent des examens toutes les deux à quatre semaines ou plus peuvent réduire le nombre de jours ouverts simplement en effectuant des examens plus fréquents. Par exemple, si un examen toutes les deux semaines permet d’identifier 10 vaches non gestantes, on peut supposer qu’un examen hebdomadaire permettrait d’identifier cinq vaches non gestantes par semaine. Cela permet de gagner sept jours ouverts pour ces cinq vaches dans un cycle de deux semaines.
Connaître les coûts d’opportunité du modèle actuel vous permet d’évaluer les autres options disponibles.
Échographie vétérinaire traditionnelle
L’échographie traditionnelle réalisée par un vétérinaire est fiable et précise. En tenant compte des frais d’appel et des tarifs horaires, il est facile de calculer le coût des visites vétérinaires par rapport à d’autres méthodes.
Afin de déterminer s’il est avantageux de passer à des examens hebdomadaires, il suffit de prendre en considération une augmentation des frais d’appel et des visites plus courtes (mais plus fréquentes) du vétérinaire. En augmentant la fréquence des examens, on favorise une détection plus rapide des vaches ouvertes, ce qui devrait avoir un impact favorable sur les taux de gestation. On contribue ainsi à améliorer l’efficacité du programme de reproduction.
S’il n’est pas possible d’augmenter le nombre de visites, il est peut-être temps d’envisager d’autres options, comme l’achat d’un appareil à ultrasons qui peut être utilisé au besoin ou l’utilisation de tests de gestation sanguins.
Comme ce ne sont pas toutes les entreprises qui possèdent un système de traite automatisée, cet article n’aborde pas les tests de gestation à partir d’un échantillon de lait. Nous nous concentrerons sur les options disponibles pour l’ensemble des producteurs, indépendamment de leur système de gestion et de leurs pratiques en matière de contrôle laitier.
Test de gestation sanguin
Le test de gestation sanguin est une option accessible, qui détecte les protéines associées à la gestation produites par le fœtus. Par exemple, le test BioPRYN promet un taux de précision de 99,9 % pour confirmer la gestation. Il peut être utilisé 28 jours après l’insémination pour les vaches et 25 jours post-saillie pour les taures. Le prélèvement des échantillons de sang peut être réalisé par les agriculteurs ou par des techniciens vétérinaires. La prise de sang est réalisée dans la veine de la queue et ne nécessite qu’un équipement minimal. La principale difficulté réside dans l’absence d’un diagnostic immédiat, ce qui peut être géré en planifiant les prélèvements en fonction des programmes de synchronisation de la reproduction. Les résultats peuvent aussi être faussés en cas d’interruption de la gestation, car les hormones associées à la gestation peuvent encore être présentes dans le sang à la suite d’une perte. Il n’y a pas de frais d’appels ou de tarifs horaires et les échantillons de sang sont faciles à entreposer et à manipuler. Cela en fait une bonne option pour les petits troupeaux ou les fermes dont la liste des examens de gestation est courte. Des tests rapides sont également offerts, mais ils sont plus coûteux.
Échographie à la ferme
L’achat d’un appareil à ultrasons peut sembler intimidant, surtout si vous n’en avez jamais utilisé. Cependant, l’échographie à la ferme procure l’avantage de pouvoir gérer la reproduction de votre troupeau à votre propre rythme.
Les appareils à ultrasons adaptés à la reproduction des bovins coûtent de 10 000 $ à plus de 20 000 $. Pour un système d’échographie neuf, de qualité et qui répond aux besoins reproducteurs des vaches laitières, il faut généralement compter entre 12 000 $ et 16 000 $. Vous obtenez ainsi une qualité et une résolution d’image suffisantes pour voir les gestations précoces, les kystes et les corps jaunes. Selon la taille du troupeau, les taux de gestation et la fréquence des examens, l’achat d’un appareil à ultrasons pour une utilisation à la ferme peut être rentabilisé très rapidement.
Apprendre à utiliser un échographe n’est pas aussi difficile qu’on l’imagine et une formation est désormais offerte aux producteurs du Canada. La compagnie ViiSona - échographie et éducation propose des cours de formation sur l’échographie reproductive des bovins laitiers à travers le Canada depuis 2015, et offrira le cours en français au Québec à partir du début de 2025. Les cours, d’une durée de deux jours, couvrent les bases de l’équipement, la détection précoce de la gestation, la structure ovarienne et l’identification des différents stades de la gestation. Les participants apprennent à détecter les gestations dès le 28e jour suivant l’insémination, ainsi qu’à identifier les jumeaux, les morts fœtales, les infections utérines, les anomalies fœtales, les kystes ovariens et le corps jaune. Avec plus de sept heures de pratique sur du bétail vivant, les participants acquièrent des compétences sur l’examen du système reproducteur, l’identification des structures ovariennes, l’évaluation des gestations et la reconnaissance des anomalies fœtales. À la fin du cours, ils sont en mesure de procéder à des examens de gestation complets. Avec une pratique régulière après la formation, la plupart des élèves maîtrisent l’équipement en l’espace de quelques semaines à quelques mois.
La capacité de réagir plus rapidement selon que la vache est gestante ou non a un impact considérable sur l’économie d’une ferme laitière. C’est précisément pour cette raison que de plus en plus de producteurs canadiens adoptent l’échographie à la ferme. Elle offre la liberté et la commodité de faire et refaire des examens de gestation selon votre emploi du temps. Plus vous êtes impliqué et engagé dans votre programme de reproduction, plus celui-ci sera couronné de succès.
Envisagez toutes les options
Lorsque vous planifiez vos examens de gestation, envisagez toutes les options possibles. Dans d’autres secteurs de la ferme, les décisions sont régulièrement réexaminées et les nouvelles technologies sont évaluées dès qu’elles sont disponibles. Il devrait en être de même pour les décisions concernant la santé et la reproduction de votre troupeau. Vous n’avez pas à vous sentir prisonnier d’un modèle qui ne vous convient pas, qui n’est pas rentable ou qui n’est pas réalisable pour vous.
N’oubliez pas que dans la vie, peu de décisions sont définitives. Planifiez votre réussite en faisant des recherches et en visant la solution la mieux adaptée à votre entreprise. Peut-être existe-t-il une option qui convient mieux à votre entreprise à long terme et que vous n’avez tout simplement pas encore explorée.
La Dre Rachel Budd travaille pour Metzger Veterinary Services et Karen Abbott est la présidente de ViiSona - échographie et éducation.
