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Tenney yevet
Yevet Crandell Tenney is a Christian columnist who loves American values and traditions. She writ...

« J’ai passé ma journée à accorder mon instrument, de telle sorte que la chanson que je suis venue chanter demeure inédite. »

Ce sentiment exprimé par le poète bengali Rabindranath Tagore résume en quelques mots l’histoire de ma vie. En fait, pas totalement. J’ai quand même quelques accomplissements importants à mon actif au cours de mes 70 années de vie, mais j’ai l’impression que ma musique résonne encore quelque part dans un futur lointain.

Cela dit, tenir ses résolutions et établir des objectifs procure la même sensation que lorsque quelqu’un retire soudainement les couvertures de votre lit par un matin glacial d’hiver. Ça vous sort de votre zone de confort! Je ne voulais même pas revenir en arrière et regarder ce que j’avais écrit par le passé dans mes journaux personnels ou parcourir les pages déjà classées dans mes dossiers pour en évaluer le résultat. Je me suis simplement regardée dans le miroir en prenant acte des « bagages supplémentaires » autour de ma taille et j’ai porté mon attention au placard pour y voir un amas de désordre sur lequel je me suis fait la promesse de ne plus jamais fermer la porte avant de l’avoir rangé. Puis, il y avait aussi mon ordinateur dont la mémoire était saturée de projets de livres inachevés et de pièces de théâtre encore jamais publiées.

J’ai trouvé du réconfort dans les fichiers informatiques de mes articles et de mes ébauches de livres qui ont pris forme ainsi que dans le fait que mes enfants se promènent aujourd’hui avec leurs propres petits-enfants. Mais, en réalité, ce que je m’attendais à accomplir à ce stade de ma vie, ce sont de nouvelles symphonies musicales encore non jouées. Malheureusement, la meilleure excuse que je puisse donner, c’est que : « Le chien a mangé mon devoir! »

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Je veux savoir où va le temps. Il est clair que je n’en ai pas en réserve pour les jours de pluie. J’utilise chaque seconde de chaque minute et pourtant, j’aimerais en avoir davantage. En fait, pas vraiment! Déjà que je suis épuisée quand je vais au lit, si quelqu’un me donnait 12 heures supplémentaires, je les remplirais avec une autre liste de choses à faire que j’aurais dû faire la veille. Je ne veux même pas en parler. Je pensais qu’une fois mes enfants élevés et ma retraite de l’enseignement prise, j’aurais plus de temps. Ha! Personne ne m’a mis au courant des montagnes de listes de choses à faire qui m’attendaient en coulisses. Quel triste commentaire de la part de quelqu’un qui dresse ses propres listes de choses à faire!

Le mois de janvier arrive et quelques hommages lui seront mérités. Après tout, ce n’est qu’une seule fois par année qu’un si joli poupon emmailloté prend brièvement l’avant-scène avant de se faire voler la vedette par le vieux monsieur barbu qui s’avance avec sa canne dans la main. C’est pour cette raison que je vais consacrer un peu de temps dès le mois d’août pour réfléchir à cette période de l’année qui s’en vient. Quand avons-nous la permission de formuler d’étonnants engagements et de nous en sortir sans problème par la suite? Le 1er avril, peut-être? Ce n’est toutefois pas la même chose. Lors de la journée du poisson d’avril, vous savez d’emblée que ce que vous racontez relève du petit mensonge, alors qu’en janvier, c’est une totale sincérité qui vous anime. Vous avez bien l’intention de le perdre ce surplus de poids. Vous avez bien l’intention d’organiser votre maison pour la rendre parfaite et irréprochable, où il y a de la place pour chaque chose et où chaque chose est à sa place. Vous savez, les vieilles résolutions clichées que tout le monde prend et que tout le monde brise. Vous avez bien l’intention de les tenir, n’est-ce pas?

C’est mon cas. J’avais l’habitude de passer environ une semaine à planifier l’exécution de ce beau projet qu’est la nouvelle moi. J’avais pourtant tout prévu à la minute près… Le problème est survenu au premier jour de l’exécution du plan, lorsque j’ai commencé faire ce que je dis et à dire ce que je fais. Il s’est posé quand j’ai tenté de secouer l’inertie de celle que j’étais.

J’étais comme une prisonnière dans mon propre lit. Un inconnu éteignait le réveille-matin. Les couvertures chaudes et moelleuses s’enroulaient autour de mes pieds et l’oreiller semblait peser une tonne. Je me débattais tout au plus deux secondes avant de céder à l’excuse que Shakespeare a écrite dans Macbeth : « Demain, puis demain, puis demain ».

Il y a un cycle qui se produit chaque année. C’est pourquoi j’y pense en juillet. Tout commence par le fait que je veille toute la nuit le soir du Nouvel An pour accueillir ce mignon petit chérubin enrubanné. Je sais que cela a à voir avec le grignotage coupable de délicieuses douceurs débordantes de chocolat et de sucre que je ne goûterai plus jamais avant d’avoir atteint une taille 40. Cela a également à voir avec le fait qu’il y a du désordre à nettoyer après la fête, avant que le véritable nettoyage des placards ne commence. Oui, les excuses pour avoir mangé mes devoirs ne cessent de se répéter! Elles ne s’arrêtent même pas lorsque le vieux monsieur s’avance à nouveau en boitillant avec sa canne dans la main 365 jours plus tard.

J’ai appris qu’il s’agit avant tout de manger un éléphant. Vous la connaissez, celle-là?

Question : Comment mange-t-on un éléphant?

Je ne sais pas qui voudrait manger un éléphant, mais si vous le faites, voici la réponse : une bouchée à la fois.

C’est ce que disent les experts – ces gens qui savent tout sur tout et qui se cachent sous l’apparence de ce « ils » omniscient. Vous le connaissez à coup sûr, celui-là! Vos adolescents le citent à chaque fois qu’ils veulent faire quelque chose que vous n’approuvez pas ou qu’ils trouvent une excuse pour quelque chose dont ils ne veulent pas être responsables. Vous l’avez entendu cette phrase : « Ils ont dit que c’était correct. » Personne, y compris votre adolescent, ne sait vraiment à qui ce « ils » fait référence. Maintenant, vous le savez.

Ironie à part, il y a quelques années, établir des objectifs et bien planifier est devenu pour moi un jeu d’enfant suite à la lecture d’un ouvrage en particulier. Dans ce livre intitulé Un rien peut tout changer! (en anglais : Atomic Habits), son auteur James Clear affirme ceci : « Vous n’atteignez pas le niveau de vos objectifs. Vous restez au niveau de vos moyens. » Ceux-ci sont constitués de vos habitudes, de ces tâches que vous choisissez d’accomplir chaque jour sans faute. Les tâches que vous établissez sont si simples qu’il vous semblerait idiot de ne pas être en mesure de les accomplir. 

Par exemple, placer vos chaussures de course à côté de votre lit afin de trébucher dessus au lever est dans la catégorie des tâches simples. Vous ne vous fixez pas d’objectif en matière d’activité physique, mais cette tâche simple vous rappelle votre désir de vous remettre en forme et vous serez ainsi plus susceptible de mettre vos chaussures et de faire de l’exercice. Par ailleurs, vous ne vous fixez pas pour objectif de faire de l’exercice pendant 20 minutes; vous visez plutôt de marcher pendant une minute. Atteindre cet objectif est si simple que n’importe qui peut y parvenir! Habituellement, une fois cette première étape atteinte, il est plus facile de poursuivre et de marcher plus loin que prévu étant donné que l’activité est déjà amorcée. Certains jours, vous ne pourrez marcher qu’une minute, mais puisque vous aurez atteint l’objectif initialement fixé, vous garderez votre motivation pour la suite. Il n’y a pas de petit progrès!

En janvier dernier, j’ai décidé de numériser les écrits de mon mari et de sa première femme pour les enfants. Je m’étais engagée à compléter une page par jour. Je ne tapais pas le texte; j’utilisais la reconnaissance vocale. Cela a bien fonctionné, mais j’ai dû revenir constamment en arrière et corriger le texte car l’ordinateur ne m’enregistrait pas toujours avec précision. Je m’étais fixée comme objectif quotidien de lire une page et d’en réviser une.

Au mois de mai, ce sont huit journaux personnels représentant plus de 300 pages écrites en cursive que j’étais parvenue à enregistrer! Je n’en aurais pas accompli autant sans avoir eu recours à la méthode de James Clear. Regarder le nombre total de pages m’aurait complètement découragée! J’aurais utilisé l’excuse suivante : « Je ne peux pas me lancer dans ce projet. Ça prendra beaucoup trop de temps! » Mais, en me fixant un objectif d’une page par jour, cela l’a fait paraître plus aisément réalisable. Je savais que j’étais capable de faire une page et c’est l’objectif que j’ai entrepris d’atteindre, jour après jour, pour finalement parvenir à en faire des centaines.

J’ai pris d’autres moyens du genre – axés sur la production plutôt que sur la quantité – pour atteindre divers objectifs. J’ai lu l’Ancien Testament dans son intégralité en prenant quelques pages par jour. J’ai terminé les récits de mes deux parents et j’ai appris à jouer plusieurs chansons faciles au piano. Tout a été réalisé en plusieurs petites étapes.

Il est utile de prendre le temps d’identifier ce que vous souhaitez accomplir des mois avant de définir vos résolutions. Vous avez le temps d’en faire l’essai et d’y travailler. Vous disposez alors de données sur les aspects où vous êtes susceptible de vous saboter vous-même ou, à l’inverse, de tirer profit de vos forces.

Une résolution doit porter sur quelque chose que vous désirez vraiment et non être un objectif ambigu, un vœu pieux ou l’objectif de quelqu’un d’autre. Si nous voulons vraiment perdre ces 20 kilos en trop, nous ferons ce qu’il faut pour nous préparer au succès. Nous ne laisserons pas la douce chaleur des couvertures du lit un matin de janvier dicter le niveau de notre succès. Nous saurons reconnaître que des progrès lents et réguliers – aussi minimes soient-ils – valent mieux que d’énormes efforts.

Les experts ont raison. Manger un éléphant est ce qu’il faut faire et la meilleure façon d’y parvenir est effectivement de le manger une bouchée à la fois. De cette façon, il vous devient plus facile d’atteindre vos objectifs et vous n’aurez que très peu de regrets lorsque vous aurez atteint un âge avancé et que le moment sera venu pour vous de dresser le bilan de votre vie.

Yevet Crandell Tenney est une éditorialiste chrétienne qui aime les valeurs et les traditions américaines. Elle écrit sur la foi, la famille et la liberté.