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Dwayne Faber is a writer, speaker and dairy farmer. He and his family operate farms in Oregon. To...

Le fait de dépendre de forces indépendantes de notre volonté pour vivre de l’agriculture nous enseigne l’humilité. Quelques exemples de ces forces sont les marchés, la santé animale, un vieux tracteur qui ne démarre qu’avec du liquide de démarrage et, bien sûr, la météo.

Si vous souhaitez avoir une conversation amusante, demandez à un agriculteur ce qu’il pense du météorologue de la télévision locale. À ses yeux, à l’exception d’un météorologue en Arizona qui n’a que deux prévisions à faire en permanence – soit ensoleillé et 70°F (21 °C), soit ensoleillé et 120°F (49 °C) – il y a très peu de professionnels de la météo qui prévoient correctement le temps qu’il fera de façon systématique. 

Cela dit, un agriculteur n’est pas un individu ordinaire en ce qui a trait à la connaissance du temps qu’il fera; il dispose généralement de trois applications météo en moyenne, de prévisions sur 10, 14 et 20 jours, d’une douleur à l’articulation d’un genou qui le prévient qu’il pleuvra dans les prochaines 48 heures et d’une ligne directe avec Environnement Canada.

Les conditions météorologiques peuvent non seulement avoir un impact sur nos propres récoltes à la ferme, mais elles peuvent également avoir un impact sur le prix que nous payons pour le maïs, le soya et le canola. Des céréales à un coût plus élevé engendrent une hausse des prix du lait, de sorte que des pluies qui tombent à un moment propice dans les principales régions productrices influencent les coûts des intrants, mais également les revenus des producteurs laitiers.

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Les médias sociaux ont une grande incidence sur les fluctuations de prix, car les agriculteurs qui cultivent du maïs et du soya adoptent chaque année une certaine trame narrative : parfois, les cultures n’ont pu être semées à cause de précipitations trop abondantes; dans d’autres circonstances, celles-ci n’ont pas poussé à cause du manque de précipitations. D’autres producteurs de céréales aimeront, partageront et retweeteront les publications relatant chaque horrible histoire selon laquelle toutes les récoltes de céréales ont été tantôt noyées, tantôt brûlées ou encore détenant des informations compromettantes sur un homme politique. Nous espérons que ce qui est ainsi relaté finira sous les yeux des négociants et des fonds qui tentent de déterminer quotidiennement l’orientation du marché des céréales.

La météo étant un élément fondamental de presque toutes les exploitations agricoles, il n’est pas étonnant que les cafés à travers le pays regorgent d’experts locaux qui diffusent leurs connaissances et propagent leurs opinions – parfois sur le ton de la raillerie.

Composés de plusieurs vieux de la vieille, ces petits groupes de connaisseurs font le suivi des précipitations en les mesurant avec des jauges et en colligeant les données recueillies dans des journaux. Ces patriarches se souviennent des inondations de 1974 et se souviennent que leurs pères avant eux parlaient des inondations de leur époque. Ces inondations ont tendance à croître en ampleur et en dégâts à chaque nouvelle génération.

Un autre de ces groupes de personnes est constitué d’experts météo se servant de haute technologie sur iPhone et qui sont capables de suivre une averse de pluie sur leur téléphone en consultant les modèles météorologiques. Ces experts comparent les précipitations mensuelles historiques avec les précipitations actuellement mesurées et font des prévisions. Le groupe a également un jeune qui réfléchit à ce que signifie réellement une pluie qui rapporterait un million de dollars – ou plutôt 1,3 million de dollars une fois la valeur ajustée à l’inflation.

Certains des membres les plus astucieux de la clique des cafés savent faire le calcul. Une pluie opportune en juillet qui augmente le rendement à l’acre de 15 boisseaux (0,4 tonne) d’une valeur de 5 $ chacun se solde par un gain net de 75 $. Ainsi, pour parvenir à tirer 1,3 million de dollars de revenu du temps pluvieux, c’est d’un épisode de pluie recouvrant une superficie de 17 000 acres dont nous aurions besoin. Bien entendu, les résultats peuvent varier.

En fin de compte, la dépendance de l’agriculteur à l’égard des conditions météorologiques favorise chez lui une meilleure acceptation de la finitude de la vie. Vous devez faire preuve d’un certain degré d’humilité lorsque vous réalisez que l’existence humaine est tributaire de 15 centimètres de terre végétale et de pluies qui tombent au bon moment dans les principales régions productrices.