Pour lire cet article en anglais, cliquez ici.
Je ne suis pas un expert en nutrition, mais je travaille dans le secteur alimentaire.
Ici, en ce moment, alors que nous sommes en pleine saison des semis, mon sujet de réflexion est le régime alimentaire typique des agriculteurs nord-américains. Pour citer un exemple, on laisse entendre que la plupart des chauffeurs d’ensileuse ont une diète qui consiste à ne pas dormir plus de six heures par nuit, à se nourrir des meilleures options de la friteuse de la cantine du coin, à boire quelques canettes de Pepsi et à compléter le tout avec un paquet de cigarettes pour éviter l’ennui. Pour des gens qui gagnons nos vies en vendant de la nourriture, nous ne faisons bien souvent pas les meilleurs choix alimentaires, moi y compris.
En tant qu’agriculteurs et éleveurs, nous avons conservé cette culture de nos ancêtres de manger des repas copieux et bourratifs : des repas riches en pain, en pommes de terre et en pâtes. Le problème, c’est que nos ancêtres, eux, travaillaient du lever au coucher du soleil sans utiliser de tracteurs, de véhicules utilitaires, de camions climatisés et de chaises de bureau sur roulettes. Pour la plupart d’entre nous, la dernière fois que nous avons fait un sprint de 40 mètres, c’était la fois où quelqu’un avait laissé la porte de la clôture ouverte ou avait oublié d’enclencher le frein à main du vieux tracteur.
Il n’est pas sans intérêt de jeter un regard rétrospectif et de voir à quels points certains groupes alimentaires ont été diabolisés par les autorités en place, ce qui a détérioré au passage la perception du public. Autrefois, les œufs devaient être évités parce qu’ils bouchaient les artères et le beurre était trop gras tandis que son substitut – la margarine à base d’huile végétale et de mixture industrielle – était plus saine. Autrefois, le gras était l’ennemi, à tel point que nous avons créé le lait écrémé, invention qui a inspiré cette citation de Ron Swanson, l’un des personnages du sitcom Parks and Recreation diffusée sur le réseau NBC entre 2009 et 2015 : « Il n’y a qu’une seule chose que je déteste plus que le mensonge : le lait écrémé. C’est de l’eau qui vous ment en disant qu’elle est du lait! »
Depuis, les autorités ont changé et souscrivent maintenant au retour du gras. Bien sûr, on ne parle pas ici d’un indice de masse corporelle de 40 qui serait maintenant recommandé, bien qu’il existe actuellement un phénomène à la mode, le dad bod (littéralement, « corps de papa ») dont l’auteur de ces lignes est le parfait exemple! Que le gras ne soit plus l’ennemi s’est avéré bénéfique pour l’industrie laitière. Nous assistons à une résurgence du lait entier, du fromage et du beurre. Pour ne pas être en reste, les protéines laitières sont de plus en plus adaptées et utilisées dans le lait de consommation pour en augmenter la teneur, créant ainsi de nouvelles façons de commercialiser ce dernier.
Il y a clairement eu un changement d’opinion en faveur des aliments composés d’ingrédients simples plutôt que d’un amalgame de multiples ingrédients. Aussi, cette évolution des habitudes me donne l’espoir que les gens finiront par se rendre compte que les aliments à base de plantes qu’ils consomment sous différentes formes – du poulet aux hamburgers en passant par les croquettes en forme de dinosaure – contiennent tous le même soya transformé. Même si je ne serai certainement pas invité à faire la couverture du magazine GQ avec un speedo, plusieurs éléments de mon alimentation m’ont été bénéfiques pour le corps et la santé : manger beaucoup de protéines et de gras, limiter les glucides et privilégier les légumes non féculents. En guise de rappel à l’ordre, il convient de noter que personne ne mange réellement du maïs; celui-ci vous est plutôt généralement juste loué pour une période d’environ 12 heures avant de retourner dans la nature!
Il y a une certaine ironie dans le fait que la ration de nos vaches est parfaitement équilibrée en micronutriments alors que notre dîner à nous, les producteurs laitiers, consiste bien souvent en un paquet de biscuits Oreo accompagné d’une bonne dose de sirop de maïs à haute teneur en fructose et de colorant rouge 40 provenant de notre boisson Mountain Dew Code Red. Cela dit, si je peux inspirer l’excellence d’une manière ou d’une autre, nous devrions tous commencer, d’une part, à être un peu plus consciencieux à l’égard de ce que nous mangeons et peut-être, d’autre part, à aller faire du jogging de temps en temps – et pas seulement lorsque les vaches sont en cavale!
Dwayne Faber est écrivain, conférencier et producteur laitier. Lui et sa famille exploitent des fermes dans l’Oregon et à Washington. Pour le contacter, visitez son site Web ou suivez-le sur Twitter (@dfaber84).