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Le conflit des générations n’est pas nouveau. Les enjeux concrets de la vie définissent les générations, et façonnent également la manière dont elles perçoivent l’autorité, les normes et les règles, ainsi que le milieu de travail en général.
Et si ce milieu de travail est l’exploitation laitière familiale, le fonctionnement de l’entreprise peut en pâtir. Le fossé générationnel peut diviser les familles, nuire aux activités commerciales et empêcher la ferme de fonctionner de manière optimale. Lorsque deux générations ou plus travaillent étroitement, il est impératif de combler le fossé entre elles pour assurer le succès de l’entreprise.
Lisa Holden, du département des sciences animales de l’Université d’État de Pennsylvanie, a partagé les meilleures pratiques pour tenir compte des différences entre les générations, améliorer la communication et résoudre les conflits de manière collaborative dans le cadre de son récent webinaire sur la gestion de plusieurs générations « Managing with Multiple Generations » (Gérer avec plusieurs générations). Ce webinaire faisait partie de la série Dairy Management Mondays de l’Université d’État de Pennsylvanie. Selon Holden, cinq générations sont représentées sur le marché du travail aujourd’hui :
• La génération silencieuse (avant 1943), qui ne représente plus que 3 % des travailleurs, a été influencée par la Seconde Guerre mondiale. Ce sont des travailleurs loyaux qui respectent une chaîne de commandement traditionnelle sur le lieu de travail.
- Les baby-boomers (entre 1942 et 1964) sont des bourreaux de travail qui ne veulent pas prendre leur retraite. Cette génération représente 29 % de la main-d’œuvre actuelle.
- La génération X, connue sous le nom de « génération sandwich », est confrontée à la fois aux exigences des enfants et des parents, et recherche avant tout un équilibre travail-famille. Environ un tiers de la main-d’œuvre est constituée de membres de la génération X, caractérisée par un esprit indépendant.
- Les milléniaux (entre 1977 et 1997) ont besoin de rétroaction, sont créatifs, réfléchis et à l’aise avec la technologie, et apprécient la flexibilité. Ils représentent également environ un tiers des travailleurs actuels.
- La génération Z se distingue par son utilisation de la technologie et ne représente que 3 % de la main-d’œuvre actuelle.
Stratégies de communication
Reconnaître les différences entre les générations est la première étape pour travailler ensemble de manière efficace. Afin de pouvoir élaborer des stratégies permettant de valoriser l’expérience de vie de chacun et de trouver des solutions permettant de maintenir l’engagement productif de chaque génération, il faut avoir recours aux « 3 C » du travail en équipe : compréhension, communication et collaboration.
« Nous savons que nous faisons face à des différences générationnelles », mentionne Holden. « Mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas construire des ponts plutôt que des murs. Les 3 C du travail en équipe vont vraiment dans ce sens. »
1. Compréhension
Il faut s’assurer de bien cerner ce que l’autre personne veut dire et saisir son point de vue, et donc aller au-delà des réactions émotionnelles et des suppositions que nous faisons souvent. Poser des questions – surtout demander à l’autre personne d’expliquer la raison derrière ses demandes et ses désirs – est le meilleur moyen de réellement comprendre. Reconnaître avec justesse les préoccupations de l’autre personne est le premier pas vers toute résolution de conflit.
« Trop souvent, nous nous exprimons, mais rien ne se produit pour faire avancer la situation ou l’améliorer », déclare Holden. S’ils ne sont pas compris, les mots sont inutiles.
2. Communication
Se contenter de dire ce qu’on veut, ce dont on a besoin ou ce qu’on attend des autres n’est pas une communication efficace. La communication doit se faire dans les deux sens : parler et écouter efficacement. Et l’écoute efficace ne se fait pas sans effort. La véritable communication nécessite un environnement propice, sans distractions, et un temps consacré à une communication active.
« N’ayez pas de conversations importantes sur le coin d’une table », dit Holden.
Réservez du temps dans un endroit calme. Tout d’abord, énoncez l’objectif de la conversation, dressez la liste des points que vous souhaitez aborder, puis demandez à l’autre personne de vous répondre. Concentrez-vous sur les raisons pour lesquelles la question est importante pour vous, sur ce que vous voulez accomplir et sur la manière dont vous voulez y arriver. Demandez si l’autre personne peut accepter d’essayer ou si elle a des préoccupations.
Par exemple, les personnes appartenant à des générations différentes peuvent être en désaccord quant à l’utilisation de la technologie. En réalité, la technologie peut ne pas être très différente de ce qui est déjà fait sur papier, mais elle peut faire gagner du temps. Ou bien elle peut permettre d’accéder à des données plus utiles, et ces données peuvent être précieuses pour la prise de décision quotidienne.
Démontrer clairement ce que vous aimeriez faire avec la technologie, expliquer pourquoi vous pensez qu’elle fonctionnera et montrer comment elle peut être mise en œuvre – tout en demandant à l’autre personne si elle a des réticences – sont les clés d’une communication efficace, qui peut entraîner un changement collaboratif.
3. Collaboration
Pas question de faire de compromis ici. Dans un compromis, tout le monde perd au moins un peu, selon Holden. La collaboration, c’est trouver un terrain d’entente et des solutions qui conviennent à tous. Lorsque l’on négocie au sujet de choses importantes, il faut choisir la collaboration, et non le compromis.
Une stratégie de collaboration consiste à reconnaître ce que l’autre personne ressent, à lui dire comment vous ou d’autres personnes que vous admirez vous êtes sentis dans des situations similaires, puis à expliquer ce qui, selon votre expérience, a fonctionné dans ces situations. L’utilisation de cette stratégie et d’exemples précis pour guider le processus décisionnel peut souvent s’avérer efficace.
Il peut être difficile de gérer plusieurs générations dont les points de vue, les expériences de vie et les attentes en matière de structure du lieu de travail diffèrent. Les aînés ont de l’expérience. Les jeunes peuvent apporter leur enthousiasme et leur créativité. Une gestion basée sur les 3 C peut favoriser la compréhension et les accords qui conviennent à tous.
« Vous cherchez un terrain d’entente : sur quoi pouvez-vous vous mettre d’accord? Ce n’est pas toujours facile. Cela prend du temps », déclare Holden. « Tirer parti de l’expertise de chacun dans ce continuum sera source de fabuleuses opportunités si nous structurons mieux les conversations. »