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Ohirko emma
Former Editor / Progressive Dairy

Des pics d’inflation et de taux d’intérêt à la hausse des coûts des intrants et aux conflits mondiaux, 2023 a présenté un paysage économique agité. Heureusement, l’orage commence à se dissiper, selon les prévisions du vice-président et économiste en chef de Financement agricole Canada, Jean-Philippe Gervais, lors de l’« Ag Summit » tenu à Red Deer en Alberta, le 12 décembre dernier.

Lors de l’évènement, Gervais a partagé ce qu’il a appelé un « aperçu préliminaire » de l’économie en 2024 et a exploré les tendances émergentes de l’économie, avec ses perspectives sur les lourds fardeaux financiers qui pèsent sur les décisions des producteurs agricoles.

Voici sept prévisions et ce qu’elles peuvent signaler pour les gestionnaires de fermes canadiennes, selon Gervais :

1. L’inflation tombera à 3 %

« L’inflation a été le thème économique numéro un de 2023, et d’une partie de 2022. Maintenant, nous regardons la gestion de ces conséquences de tout cela », a dit l’expert. L’inflation est une préoccupation qui revient sans cesse pour de nombreux producteurs. Heureusement, des signes indiquent que des taux stabilisés pourraient faire partie de notre avenir.

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La Banque du Canada cible un taux d’inflation de 2 % – une cible forte, mais difficile. Gervais notait que le résultat le plus probable est que les taux fluctuent entre 1 % et 3 %, sa position étant que le taux d’inflation va sûrement diminuer. Cependant, des taux en baisse de 3 % sur une base régulière ne sont pas envisageables sans des efforts significatifs, puisque la lutte contre l’inflation ne sera pas facile à gagner, a-t-il averti les participants.

2. Les tendances sous-jacentes des taux d’intérêt se déplacent lentement dans la bonne direction

En réponse à l’inflation croissante, la Banque du Canada a rapidement relevé son taux directeur à un rythme qui n’avait pas été observé depuis des années 1970. L’augmentation du taux directeur a entraîné celle de tous les coûts d’emprunt moyens des entreprises canadiennes. Heureusement, a souligné Gervais, cette situation a atteint son point culminant – pour l’instant. « Nous avons atteint un sommet. Je ne crois pas que la Banque du Canada va encore augmenter son taux de financement », a dit-il.

Bien au contraire, il continuait, « Nous pensons qu’avant la fin de l’année 2024, nous aurons eu trois baisses du taux directeur de 25 points de base. C’est-à-dire une baisse de 0,75 pour cent pour toute l’année 2024. » En ce qui concerne le coût des emprunts, cette baisse prévue des taux d’intérêt est utile pour prendre des décisions en matière d’emprunt et de renouvellement des prêts.

Si vous allez bientôt faire face à une telle décision, le conseil de Gervais est le suivant : « En fin de compte, si vous êtes dans l’état d’esprit – pour votre entreprise – où il est logique de bloquer le taux, ou si vous aimez la stabilité des taux fixes, alors vous n’êtes pas si loin de là où [vous devriez vous attendre à être à long terme]. »

3. Les suppositions formulées par les marchés financiers sont agressives

Bien que le taux directeur de la Banque du Canada soit assurément un facteur crucial dans la lutte contre l’inflation et les taux d’emprunts, Gervais a tout de même prévenu que ce n’est pas le meilleur indicateur de la situation à long terme. « À la fin de la journée, la Banque du Canada contrôle les taux à court terme, mais elle ne contrôle pas les taux à long terme. Elle a une influence sur les taux à long terme, mais ces taux sont contrôlés par les marchés financiers et lorsqu’il s’agit des marchés financiers, ce qui importe, ce sont les attentes concernant ce qui se passera en 2024 », a-t-il expliqué.

Alors, à quoi s’attendent les marchés financiers? Des baisses de taux plus agressives, plus tôt dans l’année.

Au moment où Gervais présentait sa conférence, les marchés financiers avaient prévu une baisse de taux dès avril, avec une deuxième qui suivra en juillet. Ces prédictions ont déjà entraîné des baisses des taux d’intérêt non variables. En outre, Gervais a interprété ces réactions et attentes des marchés financiers comme un signal que les taux des obligations à cinq ans du gouvernement du Canada – un indicateur clé de la direction des taux d’intérêt et de l’activité économique future – devraient se situer entre 3,0 % et 3,5 %.

4. La vigueur du marché du travail continue à imposer des pressions salariales élevées

Malgré l’inflation et les taux élevés d’intérêt, expliquait Gervais, il est peu probable que le Canada entre dans une récession pendant à court terme, en raison de la vigueur du marché du travail du pays.

Le Canada connaît une croissance démographique presque sans précédent, ce qui contribue à cette vigueur, mais qui crée aussi des pressions salariales qui ne sont pas près de s’atténuer. Si cette situation est bénéfique du point de vue de la consommation, car elle permet d’éviter un ralentissement économique, elle peut devenir un fardeau supplémentaire pour les entreprises.

Pourtant, la croissance démographique est essentielle aux secteurs soumis à la gestion de l’offre. « Le repli des consommateurs qui tentent de réduire certains achats… est compensé par une partie de la croissance démographique… [et] si l’on pense au marché intérieur, cela a été positif », a fait remarquer Gervais.

5. Les tendances des économies globales divergent

Brièvement, les notions de l’économie globale sont déconcertantes et méritent d’être observées, parce que les tendances et les changements en Chine, aux États-Unis et en Europe vont probablement avoir des répercussions sur le Canada.

En notant sa surprise face aux divergences entre ces économies, Gervais a dit, « Je ne me souviens pas d’une situation comme celle-ci, dans laquelle les trois principaux blocs économiques font tous face à des situations économiques différentes. »

Pour résumer, la Chine fait actuellement face à une croissance économique négligeable, sans inflation; les États-Unis font face à une inflation importante, mais une croissance économique – prévue – plus élevée que la Chine, bien que son avenir soit assombri par l’incertitude d’un retour possible au pouvoir de Donald Trump. Finalement, l’Europe est confrontée à l’inflation sans croissance économique.

6. Avantage minime pour l’industrie laitière

Si on se projette dans l’avenir en 2024, les signes indiquent une baisse en coûts d’aliments prévus, ce qui signifie que malgré la stagnation continue des prix du lait, les producteurs laitiers devraient atteindre, au minimum, le seuil de rentabilité en termes de profitabilité.

7. La croissance en valeur des terres agricoles ralentit

Par rapport à l’année précédente, la valeur des terres agricoles augmente plus lentement. Bien que les valeurs ne tombent pas, ce ralentissement en croissance est représentatif d’un marché prudent provoqué par les taux élevés d’intérêt, les pressions cycliques et d’autres facteurs extérieurs.

Malgré les conditions de marchés défavorables, Gervais a noté que la vigueur continue du secteur est soutenue par une offre limitée. « C’est encore très, très serré et nous n’avons pas encore vu de changement dans la quantité de terres disponibles à la vente et cela nous rassure sur le fait que nous n’allons pas observer à une chute de ce marché », a-t-il dit.

Comme toujours, votre contexte et vos circonstances sont primordiaux lorsque vous prenez des décisions financières de toute ampleur et il est recommandé de demander l’avis d’un professionnel. « La décision de chacun sera unique, dans le sens où nous sommes tous confrontés à des circonstances uniques dans nos fermes, et il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Il faut simplement que cela corresponde… à la stratégie que vous avez adoptée », a conseillé Gervais. « Les conversations avec votre prêteur sont essentielles. »

Seul le temps dira comment ces changements et prédictions se dérouleront dans le marché.